Est-ce bien raisonnable de… porter un pull avec son costume-cravate ?

Après nous avoir infligé débâcles politiques, déboires juridiques et errements éthiques, notre classe dirigeante aurait-elle décidé de tester notre patience en matière de style ? L’un de ses membres les plus en vue se plaît en tout cas à parader, de façon extrêmement régulière, dans une tenue aussi douteuse que la pérennité du gouvernement qu’il dirige.

Depuis le début de l’automne, le dénommé Sébastien Lecornu s’affiche en effet sempiternellement lesté du même pull à col V décliné dans une variété de couleurs. Parfois gris, souvent noir, d’autre fois marine, vert pour les grandes occasions, celui-ci vient systématiquement se glisser, à la façon d’un gilet, entre sa veste de costume et sa chemise, ne laissant entrevoir, au niveau de l’encolure, que le nœud d’une cravate asphyxiée sous le tricot.

En portant ainsi un pull avec son costume, le premier ministre reprend à son compte un gimmick marqué par sa désuétude, pour ne pas dire sa vieillerie. Les vieux messieurs, de la ville ou de la campagne, ont depuis bien longtemps préempté le coup de la petite laine sous la veste pour lutter contre le froid, sans faire exploser leur facture de chauffage ni s’encombrer, en extérieur, d’un manteau d’hiver trop lourd pour leurs frêles épaules.

Une stratégie politique ?

Ainsi vêtu, Sébastien Lecornu, 39 ans, apparaît donc mécaniquement bien plus âgé qu’il ne l’est en réalité. Mais, pour l’homme qui assume d’être « né vieux », est-ce véritablement un souci ? Contre-intuitivement, ne faut-il pas plutôt voir dans cet accoutrement une démarche de communication, voire, dans un pays où les retraités font les scrutins et les cotes de popularité, une stratégie politique ? Si tel est le cas, alors contentons-nous de regretter ici l’exécution de la chose.

Alors que les vrais vieux messieurs portent de charmantes vestes en flanelle, en tweed ou en velours et optent systématiquement pour des pulls à col V profond et généreux, en shetland ou en cachemire, Sébastien Lecornu apparaît, lui, d’une terrible platitude stylistique. Ses costumes étriqués sont ainsi taillés dans une laine rasée sans charme et ses pulls tricotés dans une laine mérinos dénuée de la moindre texture ou aspérité. De même, leurs cols en V se distinguent clairement par leur criant manque de générosité et de profondeur. Conclusion ? Peut vieux faire.