Si l’ouverture de la saison des lunettes de soleil est généralement accueillie avec un sourire nourri par la perspective de l’arrivée des grandes vacances, elle ne va pas sans poser question. En l’occurrence, celle de savoir que faire de ses lunettes de soleil quand on ne les porte pas sur le nez.
Certains inconscients se contentent ainsi de les glisser dans la poche poitrine de leur chemise ou veste, les exposant à une chute au moindre mouvement vers le bas. D’autres préfèrent déformer leur tee-shirt ou chemisier en calant l’objet dans leur encolure. D’autres, encore, aiment les porter en sautoir autour de leur cou, sécurisant à la fois leur paire et leur entrée dans le troisième âge. Mais les plus dingues ont une tout autre technique : ils font tenir leur monture au-dessus de leurs yeux, quelque part entre le haut du front et le milieu du crâne.
Cette option n’est évidemment pas sans conséquence. Dans cette position ô combien accidentogène, la paire de lunettes se mue en effet en un vulgaire serre-tête. Sur un crâne chevelu, elle retient ainsi les cheveux vers l’arrière au point parfois de révéler de douteuses racines, voire de provoquer l’apparition d’un épi.
Carnage
Sur un crâne glabre, son effet est plus ingrat encore. Dans l’hypothèse où l’exposition au soleil se prolonge au point d’engendrer une marque de bronzage, nous pourrons même parler de carnage. Si la vie impose parfois de charmantes improvisations vestimentaires (le biker coinçant son paquet de clopes dans la manche roulée de son tee-shirt aura toujours un certain cachet), le coup des lunettes sur le crâne entre sans conteste dans la catégorie opposée.
Ici, l’improvisation est sans charme. Bringuebalante, elle entraînera chaque coupable dans une chute stylistique sans retour. Ce qui nous laisse avec notre terrible question sur les bras : que faire de ses lunettes de soleil quand on ne les porte pas sur le nez ? Les poser en lieu sûr est une solution efficace mais qui impose la sédentarité. Les ranger dans une pochette prévue à cet effet est une technique sûre, mais pénible en matière de logistique et génératrice de charge mentale.
Reste donc la solution consistant à les glisser dans la poche intérieure d’une veste. Elle n’est pas parfaite – surtout pour ceux qui ne portent pas de veste – mais, à ce stade, c’est la plus raisonnable que nous ayons à proposer.
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