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Histoires Web mardi, juin 3
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Si les spécialistes de la question économico-textile ont établi de longue date que le raccourcissement des jupes allait de pair avec une période de prospérité financière globale, il est urgent qu’ils se penchent sur le cas des chaussettes et se confrontent à une entêtante question : qu’annonce leur raccourcissement actuel ? L’effondrement des marchés ou celui du monde ?

De fait, la normalisation des modèles courts de type socquette, laissant les malléoles à découvert ou les couvrant de justesse, selon les modèles et l’énergie déployée au moment de l’enfilage, ne peut être qu’un mauvais présage. Pourquoi ? Tout simplement parce que la socquette s’inscrit dans une lignée de vêtements sans charisme, incapables de se forger un destin. A l’instar de la manche trois quarts, perdue entre coude et poignet, ou du pantacourt, paumé entre genou et cheville, la socquette erre sans but.

Sert-elle à protéger du froid ou à limiter la transpiration ? Les chaussettes classiques font cela bien plus efficacement. A-t-elle pour rôle d’alléger la silhouette en ôtant, entre chaussure et pantalon, un élément parasite ? Les chaussettes invisibles, couvrant uniquement la voûte plantaire, sont précisément là pour ça. Mais ce ne serait pas drôle si les socquettes se contentaient de ne servir à rien.

Talon à nu et nerfs à vif

Les premiers jours, elles encerclent les chevilles au point de laisser sur la peau une marque aussi inélégante que celle des lunettes de natation trop serrées autour des yeux. Quelques mois plus tard, une fois l’élastique détendu, ce n’est guère mieux. Invariablement, à force de pas et de frottements, les socquettes se plaisent en effet à glisser doucement jusque sous la voûte plantaire, laissant le talon à nu et les nerfs à vif.

A l’heure du bilan, la sévérité s’impose comme une douloureuse ironie. Si les socquettes, inventées au milieu des années 1940 pour réguler la consommation de collants et donc de Nylon des femmes, contribuèrent à l’effort de reconstruction en cours après guerre, elles semblent aujourd’hui porter en elles un destructeur et funeste présage. Vivement l’effondrement des marchés. Voire pire.

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