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Histoires Web vendredi, octobre 18
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Du haut de ses 18 ans, Esther Labouret doit combattre un « blocage ». La question qui la taraude : les inégalités entre hommes et femmes dans l’Eglise. « Vraiment, je ne comprends pas. Pourquoi l’Eglise n’offre-t-elle pas une place plus juste aux croyantes ?, interroge l’étudiante en école d’orthophonie, ayant grandi dans une famille pratiquante. La société évolue, il faut accompagner ce changement. »

Elle n’a pas plus compris quand, il y a quelques années, on lui a dit qu’elle n’avait pas le droit de chanter durant une vigile pascale (la célébration de la nuit avant le dimanche de Pâques), parce qu’elle n’était pas un homme. Même incompréhension quand un diacre avait tenté de la soutenir en l’invitant à « passer par la fenêtre quand on ne peut pas passer par la porte ». Elle lui avait répondu que cela pouvait en décourager certaines et que « c’était quand même plus simple de laisser la porte ouverte à tout le monde ».

Le pape François a entrouvert cette porte avec le synode sur la synodalité. La grande assemblée pour réfléchir à l’avenir et à l’organisation de l’Eglise se tient à Rome, du 2 au 27 octobre. Cette consultation, dont la première partie s’est tenue en octobre 2023, revêt un aspect historique : pour la première fois, des femmes (53 sur 368 membres), religieuses ou laïques, peuvent donner leur avis et voter. Et la place des croyantes au sein de l’institution est justement un des thèmes centraux évoqués dans les discussions.

« Pas trop de sujets qui fâchent »

Le début d’une possible révolution au sein de l’Eglise, dont la gouvernance, du Vatican aux paroisses locales, reste gérée par des hommes et échappe totalement aux figures féminines, souvent plus investies sur le terrain, mais reléguées aux tâches de l’ombre. Pour autant, le pape François a gardé un verrou sur la porte et écarté, dès mai, la possible ordination diaconale des femmes (le diacre est un clerc qui peut célébrer des mariages et des baptêmes ou faire des homélies). Et ce qui devait être un sujet brûlant du synode sera en réalité confié à des groupes de travail qui rendront leurs conclusions en juin 2025, donnant l’impression de tuer dans l’œuf toute émancipation féminine. « Le fait d’avoir écarté ce sujet est très représentatif de la tension dans l’Eglise aujourd’hui. Il y a une ouverture à la discussion, mais, en même temps, il ne faut pas trop de sujets qui fâchent », résume Véronique Margron, religieuse dominicaine et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref).

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