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Histoires Web mercredi, juin 18
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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Un gosse de riche qui se rêve maçon. Enzo (Eloy Pohu), 16 ans, travaille comme apprenti sur un chantier de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) et contemple comme un trophée ses mains qui s’abîment, à force de manier les outils. Au boulot, en plein cagnard, il tait ses origines sociales – un père universitaire, une mère ingénieure –, et lorsque ses collègues découvrent qu’il vit dans une villa avec piscine, ils tombent des nues. L’un d’eux, Vlad (Maksym Slivinskyi), ukrainien, n’y va pas par quatre chemins : « Qu’est-ce que tu fous sur ce chantier ? Si mes parents avaient de l’argent, je ferais du business, j’ouvrirais un restaurant, ou je ferais rien. »

La seule piscine où l’on verra Vlad se baigner, sans cocktail ni rosé, c’est celle qu’il construit au noir, le week-end. Tout un monde sépare ces deux jeunes : Enzo ne pense qu’à sortir de son milieu pour se rapprocher de cet homme qu’il désire, incarnation d’une autre vie possible.

Enzo, dixième long-métrage de Laurent Cantet, a été réalisé par Robin Campillo après la mort, en 2024, à l’âge de 63 ans, du réalisateur d’Entre les murs, Palme d’or à Cannes en 2008. La force du film tient à cette manière de capter un adolescent mutique, devenu un étranger dans sa propre maison. Le jeune acteur, brun, aux traits veloutés, a l’art de nous toucher sans jamais chercher la séduction. Enzo essaie de trouver sa place, comme les héros de Laurent Cantet, depuis son premier « long », Ressources humaines (2000), l’histoire d’un étudiant en école de commerce revenant dans sa ville natale, le temps d’un stage dans une usine où travaille son père, ouvrier.

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