Au-delà du cliché et du clin d’œil cinématographique, le destin du spectacle Le Poisson étoile (Star Fish en version originale), créé le 6 septembre, à Pékin, en ouverture de la 7e édition du Beijing International Puppet Festival (BIPF) et à l’affiche du Studio Théâtre de Stains, en Seine-Saint-Denis, du 12 au 23 novembre, est « fabuleux » au sens littéral du terme. A savoir qu’il relève de la fable (fabula), du récit initiatique. Ce d’autant plus qu’il raconte la belle histoire d’une étoile, prénommée Xianü, qui, lassée de sa vie dans le ciel, a voulu descendre dans l’océan, sous la forme d’un immense poisson, plus précisément un requin-baleine, pour y rencontrer d’autres êtres vivants, dont un petit garçon.
Comme souvent au début de toute belle histoire, il y a une rencontre. Ici un coup de cœur amical et professionnel entre deux femmes, Marjorie Nakache et Han Chi. Il aura fallu une pandémie et la fermeture des salles de spectacle partout dans le monde pour que la Chinoise, directrice artistique de la compagnie de théâtre d’ombres Han Feizi – créée à Pékin, en 1992, par son père, qu’elle a reprise en 1998 –, découvre l’une des créations de la Française, comédienne, metteuse en scène et directrice artistique du Studio Théâtre de Stains.
C’était en 2021, à l’occasion de la 4e édition du BIPF, cette année-là uniquement en ligne pour cause de Covid-19 : le spectacle Rousseau et Jean-Jacques, mis en scène par Marjorie Nakache, y décroche le Prix du public. Dès lors, les deux femmes commencent à échanger idées et projets, mues par une passion commune pour les marionnettes et par une même énergie face aux obstacles.
Omniprésence institutionnelle
En 2022, Han Chi invite Marjorie Nakache à travailler sur une première création, baptisée Mending the Heavenly Metamorphosis, autour de la déesse Nuwa, qui, dans la mythologie chinoise, a donné naissance à l’humanité à partir d’argile. Le spectacle est montré en avant-première lors de la 5e édition du BIPF. Après le refus, en septembre 2023, de Marjorie Nakache de modifier, à la demande des autorités chinoises, la fin du texte de la création Rousseau et Jean-Jacques – un appel à la prise de conscience citoyenne –, pour le présenter en ouverture du festival, les deux femmes décident de se lancer dans une nouvelle aventure de cocréation franco-chinoise avec Le Poisson étoile. « Nous sommes toutes les deux Dragon [nées sous le signe astrologique chinois, en 1964 pour Marjorie Nakache, en 1976 pour Han Chi], et nous partageons cette même volonté farouche de réussir, en dépit de l’adversité et des vents contraires », souligne la Française pour expliquer cette collaboration renouvelée.
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