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Histoires Web vendredi, juillet 4
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C’est un paradis de sable et d’herbes folles tout au bout du monde, avec des petites cabanes de bois, comme sorties d’un conte de fées. La bourgade de Provincetown, à l’extrémité du cap Cod, dans le Massachusetts, se mérite. Depuis Boston, il faut prendre un ferry qui navigue sur une mer houleuse ou emprunter la route qui serpente sur la presqu’île. Alors, quand on y est, on y reste. Surtout quand on n’a pas un sou et que tout votre entourage est sur place.

En ce début des années 1970, ils sont quelques-uns à y passer de longs mois. Certains sèchent les cours de leur école d’art à Boston, d’autres n’ont pas grand-chose à faire ailleurs. Ils filment leurs pique-niques à la plage en super-huit, prennent des photos. Les amants de la veille deviennent les modèles du lendemain. C’est le temps des expérimentations, sexuelles, artistiques.

Deux amis, Nan Goldin et David Armstrong, sont là, sur cette « terre de la liberté », se souvient, contactée par visio, la photographe de 71 ans, à New York, à la mi-juin. Elle est serveuse dans un bar lesbien, vend des hot dogs dans une guérite. Lui est d’une beauté foudroyante et séduit de nombreux hommes de passage. Ils ont acheté une machine pour personnaliser des badges qu’ils proposent aux passants.

Ils en sont persuadés, un jour, ils seront photographes. Ils iront à New York. Ils n’auront plus à subir les regards désapprobateurs de cette Amérique réactionnaire qui les déteste. Un jour, ils vivront comme ils le désirent. Ils ne savent pas que le chemin sera pavé d’épreuves : sida, addictions, dépression, mort de leurs amis… Cent fois, ils tomberont. Cent fois, ils se relèveront. Jusqu’à ce 26 octobre 2014, où David Armstrong a succombé à un cancer du foie à Los Angeles. Il avait 60 ans. Et Nan Goldin s’est retrouvée sans son plus vieil ami.

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