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L’Ukraine, confrontée à un effort de guerre exorbitant de la part de Moscou en matière de vies humaines, fait face à un dilemme : si elle veut gagner la guerre, elle doit mobiliser des hommes ; mais si elle veut survivre à long terme et gagner la paix, elle doit protéger les jeunes.

Après l’invasion russe du 24 février 2022, l’adoption de la loi martiale a interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays, sans les mobiliser. Le débat de ces derniers mois sur la loi consacrée à la mobilisation de soldats dans les forces armées – adoptée par le Parlement le 11 avril – n’a pas porté sur ce qui est une préoccupation cruciale en Ukraine : l’obsession démographique. L’un des décrets signés par le président Volodymyr Zelensky, le 2 avril, après dix mois de tergiversations et avant l’adoption de la loi générale, prévoit simplement d’abaisser l’âge de la mobilisation de 27 à 25 ans, les volontaires restant autorisés à s’engager à 18 ans.

Dans la majorité des pays du monde, ce débat n’aurait sans doute pas eu lieu non plus, mais pour des raisons opposées. En cas de guerre sur le territoire national, et a fortiori lorsque l’ennemi est en mesure de déployer une force supérieure en nombre de soldats, la plupart des pays ont des lois permettant de mobiliser à partir de 18 ans. On envoie à la guerre des hommes jeunes, au meilleur de leur forme physique, qui ont généralement moins peur de combattre et de mourir que des hommes craignant pour l’avenir de leurs enfants : on protège les pères de famille. En Ukraine, on protège les hommes n’ayant pas encore eu d’enfant. Résultat : l’âge moyen dans les forces armées est supérieur à 40 ans.

Le pays a « perdu trop de temps »

En Russie, le dernier texte sur le sujet date de 2022 et fixe officiellement l’âge de l’enrôlement à 18 ans ; mais, Moscou n’envoyant pas au front les hommes avant ou pendant leur service militaire, le texte est peu appliqué, sauf pour les jeunes qui choisissent de s’engager.

Un analyste militaire influent à Kiev, Taras Chmut, directeur de la fondation de soutien aux forces armées Come Back Alive et ancien sous-officier dans une unité de reconnaissance des troupes de marine, a lancé le débat le jour de l’adoption de la loi. Dans un entretien à Ukrainska Pravda publié le 11 avril, il estime que l’Ukraine a « perdu trop de temps » et que « la mobilisation doit avoir lieu à 20 ans », tout en reconnaissant évoquer « une mesure terrible ».

Taras Chmut, dirigeant de l’association Comme Back Alive, à Kiev, le 28 avril 2024.

Rencontré après que la loi a été adoptée, Taras Chmut estime que le passage de 27 à 25 ans devrait permettre de mobiliser « environ 200 000 soldats supplémentaires » et que « cela ne suffit pas », particulièrement à un moment où « l’Ukraine a perdu l’initiative stratégique sur toute la ligne de front ». En cas de passage à l’âge de 20 ans, « un million d’hommes » seraient mobilisables.

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