En Ukraine, le grignotage du Donbass par l’armée russe s’accélère

L’armée ukrainienne recule sur plusieurs zones du Donbass, tandis que l’offensive russe sur Kharkiv est bloquée. Les troupes ukrainiennes se sont retirées du quartier Kanal de la ville de Tchassiv Yar dans l’oblast de Donetsk, a reconnu, le 4 juillet, à la télévision publique Nazar Volochyne, le porte-parole du groupe opérationnel Khortytsia, l’une des principales formations de l’armée de terre ukrainienne.

Le retrait effectif avait été effectué la veille, après que tous les ponts enjambant le canal séparant le centre de Tchassiv Yar du quartier assailli eurent été détruits, rendant l’approvisionnement des défenseurs de la ville trop dangereux. La ligne de défense ukrainienne se trouve désormais sur la rive ouest du canal. Cette coupure humide large de 10 mètres constitue un obstacle significatif pour une armée russe ayant montré jusqu’ici une aptitude limitée à résoudre ce type de défi tactique.

« Je pense que nous pouvons tenir cette ligne longtemps, car je ne vois pas comment ils pourraient traverser le canal, sinon en le bouchant avec leurs corps », affirme, par téléphone, de Tchassiv Yar, Oleksandr, commandant d’une unité de drones de combat. N’étant pas autorisé à parler aux médias, pas plus que les autres militaires cités dans l’article, l’officier demande que son identité ne soit pas révélée.

Sa tâche principale consiste à détruire, au moyen de drones-suicides et de drones-bombardiers, tout véhicule ennemi dans un rayon de 12 kilomètres. « Nous forçons les Russes à approcher la ligne de front à pied sur 12 kilomètres, ce qui les fatigue beaucoup et réduit l’armement qu’ils peuvent porter. » Ce qui n’empêche pas l’ennemi d’attaquer « sans aucun répit » et au prix de « pertes très supérieures aux nôtres », poursuit le commandant.

« Grave erreur de commandement »

Par sa position surélevée, Tchassiv Yar, qui comptait 12 000 habitants avant l’invasion à grande échelle, forme un verrou bloquant l’offensive russe vers les villes de Kramatorsk et de Sloviansk, dont le Kremlin tente en vain de s’emparer depuis 2022. « L’ennemi est en train d’atteindre son objectif, consistant à stabiliser la ligne de front le long du canal Siversky Donets-Donbass », explique Viatcheslav, commandant d’une compagnie de reconnaissance, joint par téléphone. « Je ne pense pas qu’il puisse traverser le canal, en revanche, il va s’efforcer de contrôler toute la rive orientale », prédit cet officier, combattant depuis 2014.

Depuis quelques semaines, l’intensité et l’ampleur des attaques menées par l’armée russe s’accroissent dans le Donbass. La poussée a pris jusqu’ici la forme d’un lent grignotage du territoire ukrainien, au rythme quotidien d’une dizaine de kilomètres carrés pour un front long de 700 kilomètres. Or, ces derniers jours, l’armée russe est parvenue à bousculer la défense ukrainienne, non seulement à Tchassiv Yar, mais aussi à 25 kilomètres au sud, aux abords de la ville de Toretsk, dans la dernière section du front qui n’avait pas bougé depuis février 2022.

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