A chaque saison sa couleur, question de survie. L’été, les filets de camouflage sont confectionnés dans des dégradés de vert ; l’automne, de marron ; et l’hiver, de blanc et de gris. A Rakivka, un village ukrainien de 400 habitants voisin de Boutcha, près de Kiev, la vingtaine de membres du réseau bénévole Les Araignées de la bibliothèque font du sur-mesure. Si nécessaire, ils fabriquent aussi des filets couleur « boue » ou noire pour coller à l’état du terrain, quand tout a brûlé après des bombardements.
« On reçoit des requêtes de partout, en particulier de Kharkiv, Donetsk et Koursk, explique Oksana Shulga, 41 ans, l’organisatrice du réseau installé dans la bibliothèque du village. Les soldats nous trouvent sur TikTok, Facebook, ou par le bouche à oreille. »
A la demande des militaires, les bénévoles envoient aussi des vestes dégrafables pour les blessés, des civières, des couvertures ou du poison contre les rats, qui pullulent dans les tranchées. « Notre contribution paraît peut-être minuscule, mais elle sauve des vies », assure Oksana Shulga. « Et si on ne faisait rien à l’arrière pour soutenir l’armée, le front viendrait jusqu’ici », ajoute sa voisine, occupée à tisser un nouveau filet de camouflage.
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