Cela fait déjà près de trois mois que les amis d’Anna ont commencé à quitter la petite ville de Mejove, environ 7 000 habitants avant-guerre. Il ne reste aujourd’hui plus qu’elle, âgée de 17 ans, qui préfère ne pas donner son nom de famille, jeudi 12 juin, alors qu’elle sert des boissons à sa nouvelle clientèle : des militaires, de retour du front pour une pause à l’arrière, ou sur le point d’être déployés. L’ambiance en ville est à l’image du café, un mélange de civils et de soldats, sur des routes que traversent des voitures kaki banalisées. Les forces armées russes se rapprochent. « Bien sûr que ça fait peur », dit la jeune Anna, le visage malgré tout serein, qui tient à effectuer son stage dans ce petit café de la région de Dnipropetrovsk, situé à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de la frontière avec celle de Donetsk, épicentre des combats dans le Donbass.
Ces derniers jours, après des mois à grignoter des morceaux de territoire dans la région voisine au prix de lourdes pertes humaines et matérielles, les autorités de Moscou ont affirmé être parvenues à atteindre et à traverser la frontière de la région de Dnipropetrovsk, ce que Kiev a immédiatement contesté. Les annonces ont été accompagnées de vidéos de soldats russes assurant avoir franchi la zone frontalière. Le ministère russe de la défense a affirmé, dès le 8 juin, que certaines de ses unités auraient atteint la frontière et qu’elles poursuivraient leur offensive plus à l’ouest. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré, dès le lendemain, que cette offensive viserait à créer une « zone tampon » avec la région de Donetsk, partiellement occupée mais dont le Kremlin revendique l’entière souveraineté.
Il vous reste 66.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.