Les paupières lourdes, le petit Kerem-Ali, 1 an, lutte pour ne pas sombrer. Déposé sur le coussin moelleux d’un canapé, il suit d’un regard curieux la ribambelle de cousins qui s’interpellent et courent d’une pièce à l’autre. Mais il est l’heure de la sieste et les bercements réguliers de sa mère finissent par avoir raison de lui. « Mon rêve serait d’avoir quatre ou cinq enfants, confie Nur (les noms ont été modifiés), 26 ans, posant un regard tendre sur le nourrisson. Malheureusement, l’éducation est devenue tellement chère que cela ne sera pas possible. »
Originaires de la région de Mus, dans le sud-est kurde de la Turquie, Nur et son mari, Serhun, viennent tous deux d’une famille nombreuse. Huit frères et sœurs d’un côté, cinq de l’autre, ils ont grandi dans de petits appartements bruyants, où flottait l’odeur des soupes de lentilles et des viandes en sauce qui mijotaient en continu sur les poêles à bois. Ils sont aujourd’hui installés à Sultanbeyli, arrondissement modeste de la rive asiatique d’Istanbul, et les chambres à coucher de leur appartement leur paraissent bien vides.
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