La journée de samedi avait commencé dans un calme relatif et sous un soleil de printemps, elle s’est terminée dans la confusion la plus totale et la nuit la plus noire. Il a fallu attendre les premières heures du dimanche 23 mars pour apprendre que la déposition devant les juges du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le principal rival du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, avait pris fin après plus de huit heures d’interrogatoire. Arrêté pour « corruption », « détournement d’argent » et « terrorisme » mercredi 19 mars, la bête noire du président s’est vu signifier son incarcération à effet immédiat, plongeant encore un peu plus le pays dans un état de choc. Sur X, M. Imamoglu a dénoncé ces accusations « illégales » et « sans fondement » et indiqué : « Je me tiens debout, je ne m’inclinerai jamais », ajoutant : « Nous allons arracher tous ensemble ce coup d’État, cette tache sombre sur notre démocratie. » « C’est une exécution extrajudiciaire complète », ajoutera-t-il dans un second temps.
Quatre jours et quatre nuits de mobilisations inédites depuis le mouvement de révolte de Gezi, en 2013, n’auront donc pas suffi pour arrêter le rouleau compresseur judiciaire lancé contre l’opposition et sa principale formation, le Parti républicain du peuple (CHP). Maire de la mégapole du Bosphore depuis 2019 sous la bannière kémaliste, confortablement élu à deux reprises, celui que l’on dit être un des hommes politiques les plus populaires de Turquie risque désormais plusieurs années de prison et une peine d’inéligibilité.
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