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Histoires Web jeudi, juin 26
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Le sol est jonché d’épingles à cheveux et l’odeur des mèches, surchauffées par le souffle du séchoir, embaume la salle. Entassées sur des étagères, des couronnes de faux diamants attendent d’auréoler les têtes. Une esthéticienne effectue quelques pas de danse sur les notes d’une chanson pop.

Dans ce salon de beauté en sous-sol d’un immeuble de Lattaquié, une ville de la côte nord-ouest de la Syrie, ancien fief de la famille Al-Assad, quatre femmes se préparent en ce début du mois de juin à célébrer leurs noces respectives au cours d’un mariage collectif regroupant plusieurs confessions.

Dans l’embrasure de la porte, un homme passe une tête. Dans la précipitation, deux des futures mariées dissimulent leurs cheveux et visage en protestant. Car elles sont de confession sunnite. Les deux autres sont alaouites, une branche de l’islam chiite, aux mœurs et croyances différentes.

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« On est fiancés depuis un an et demi, depuis qu’Achraf est tombé en panne devant chez moi », raconte en souriant Roula Salman. « En se mariant ainsi, on voulait montrer que la Syrie était toujours unie », ajoute la jeune femme de 27 ans, étudiante en physique à Lattaquié. Un choix inédit et symbolique dans un contexte très tendu. Dimanche 22 juin, un attentat-suicide a ainsi visé l’église Saint-Elie, à Damas, faisant au moins 25 morts et une soixantaine de blessés parmi les chrétiens rassemblés.

Calme précaire

En mars, une vague de massacres ciblant majoritairement la communauté alaouite – cette minorité religieuse à laquelle appartient le clan Assad représente environ 10 % de la population syrienne – a fait au moins 1 700 victimes civiles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Des centaines de vidéos de meurtres et de pillages ont déferlé sur les réseaux sociaux, incriminant des factions armées extrémistes, pour certaines affiliées au nouveau régime dirigé par le président par intérim Ahmed Al-Charaa, un sunnite et ancien chef djihadiste.

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