La Syrie a franchi, samedi 29 mars, une étape supplémentaire dans son ère post-Bachar Al-Assad avec la formation d’un nouveau gouvernement. Les vingt-trois ministres ont prêté serment, lors d’une cérémonie au palais présidentiel retransmise par la télévision, devant le président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa, qui a pris le pouvoir à la tête d’une coalition islamiste le 8 décembre 2024.
Les ministres des affaires étrangères, Assad Hassan Al-Chibani, et de la défense, Mourhaf Abou Qasra, des fidèles du président intérimaire, conservent leur poste dans le gouvernement. Le chef des renseignements généraux, Anas Khattab, également proche de M. Al-Charaa, est nommé ministre de l’intérieur.
Le gouvernement est plus inclusif que l’équipe ministérielle qui était chargée de la gestion des affaires courantes depuis la chute de Bachar Al-Assad, et qui était dirigée par Mohammad Al-Bachir. Celui-ci devient ministre de l’énergie. Hind Kabawat, une femme chrétienne, est nommée ministre des affaires sociales et du travail. Le nouveau gouvernement compte également au moins un ministre druze, un autre kurde et un alaouite.
Le chef des casques blancs, les secouristes syriens qui œuvraient dans les zones rebelles, Raed Al-Saleh, est nommé ministre des situations d’urgence et des catastrophes.
Période transitoire de cinq ans
L’annonce, initialement prévue le 1er mars, intervient alors que la communauté internationale appelle à une transition syrienne inclusive. Elle survient également après des massacres à caractère confessionnel début mars, qui ont visé les Alaouites dans l’ouest du pays où est concentrée cette minorité dont est issu le président déchu Bachar Al-Assad.
Les nouvelles autorités cherchent à réunifier et reconstruire la Syrie, qu’une guerre civile de plus de treize ans a mise à genoux. Proclamé président intérimaire en janvier, M. Al-Charaa a affirmé, samedi lors de la cérémonie, sa volonté d’« édifier un Etat fort et stable ». Il doit gérer une période transitoire de cinq ans. Ce n’est qu’après cette période que des élections doivent se tenir sur la base d’une nouvelle Constitution.
Entretemps, la déclaration constitutionnelle lui accorde les pleins pouvoirs dans la formation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, bien qu’elle affirme respecter la séparation des pouvoirs.
Mais selon l’ONG Human Rights Watch, cette déclaration constitutionnelle « accorde au président des pouvoirs considérables, notamment en matière de nominations judiciaires et législatives, sans aucun contrôle ni supervision ».