A la pointe du triangle frontalier entre la Syrie, la Jordanie et Israël, le village syrien de Kouwaya offre une vue imprenable sur les terres fertiles irriguées par la rivière Yarmouk, qui coule en contrebas. Et sur la façon dont Israël s’impose dans le paysage. Abderrahman Al-Moufla, le mokhtar (« maire ») de Kouwaya, désigne une colline voisine sur la ligne de crête. Là-haut se trouvent le village syrien de Maarbé et, depuis peu, une nouvelle position de l’armée israélienne : « De cette colline, Israël contrôle toute la région », s’inquiète-t-il.
Au matin du 25 mars, une patrouille de l’armée israélienne s’est, pour la première fois, aventurée au-delà de la zone tampon démilitarisée qui borde le Golan annexé depuis 1981, dans la vallée qui sillonne entre les collines syriennes. « Les soldats ont envahi nos fermes, raconte le mokhtar. Alors des hommes courageux du village, des Bédouins de la tribu Al-Manadra, ont défendu leurs terres, armés de bâtons et de kalachnikovs. »
Dans cette altercation, « deux d’entre eux ont été tués, ainsi que trois militaires israéliens », affirme Mifleh Souleiman, agriculteur sexagénaire et frère de l’une des victimes syriennes. Israël n’a pas reconnu de pertes humaines, mais a annoncé avoir aussitôt riposté. « Kouwaya a été bombardé avec des chars et des drones israéliens, depuis des positions que tenait l’armée syrienne jusqu’à la chute de Bachar Al-Assad [le 8 décembre 2024], à Maarbé, Aabidine et Jamlé, détaille M. Souleiman. Puis les soldats israéliens se sont emparés des lieux. Depuis, ils fouillent régulièrement les maisons à la recherche d’armes. »
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