Il s’agit des affrontements « les plus violents contre les nouvelles autorités depuis la chute » du régime Al-Assad, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Seize membres des forces de sécurité syriennes ont été tués, jeudi 6 mars, lors d’affrontements avec des partisans de l’ancien président, dans la région de Lattaquié, a rapporté l’ONG. Depuis quelques jours, des combats ont lieu dans cette région, bastion de la minorité alaouite du président déchu, située dans le nord-ouest du pays.
« Seize membres des forces de sécurité ont été tués dans des attaques et embuscades menées par des hommes armés fidèles à [Bachar Al-]Assad dans la ville de Jablé et ses environs », a déclaré l’OSDH. Au moins trois hommes armés ont été tués à Jablé, a ajouté l’ONG installée au Royaume-Uni mais qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie. La majorité des victimes sont originaires de l’ancien bastion rebelle d’Idleb, aussi dans le nord-ouest du pays.
Plus tôt, le responsable de la sécurité de Lattaquié avait annoncé à l’agence de presse SANA que les autorités affrontaient des hommes armés partisans d’un ancien commandant d’une unité d’élite de Bachar Al-Assad, Souhail Al-Hassan, un « criminel de guerre (…) qui a commis les pires massacres contre le peuple syrien ». Selon l’agence de presse, « des hommes armés ont tiré sur des membres et des véhicules du ministère de la défense, près du village, faisant un mort et plusieurs blessés ».
Tirs d’hélicoptère et d’artillerie
La tension est montée jeudi à Beit Aana, village d’origine de Souhail Al-Hasan, lorsque des habitants ont empêché l’arrestation d’une personne suspectée de trafic d’armes, selon l’OSDH. Les forces de sécurité ont ensuite lancé une opération, émaillée d’affrontements avec des personnes armées, dont les identités restent inconnues. Un photographe d’Al-Jazira a été blessé lors des affrontements, selon la chaîne de télévision qatarie, qui a précisé qu’il était hors de danger.
Les autorités ont ensuite mené des tirs d’hélicoptère sur des hommes armés dans le village de Beit Aana et les forêts environnantes, et des tirs d’artillerie sur un village voisin, selon l’OSDH, poussant des chefs religieux alaouites à appeler à des « manifestations pacifiques » vendredi. Ces frappes, qu’ils ont qualifiées dans un communiqué d’« attaques contre les habitations civiles » ont semé la terreur parmi les habitants de la région, a ajouté l’ONG.
Une source du ministère de la défense a affirmé auprès de SANA que d’importants renforts militaires étaient déployés dans la région de Jablé « pour soutenir les forces de sécurité et rétablir la stabilité dans la région ». Plus tard dans la journée de jeudi, des jeunes, dont certains étaient armés, se sont rassemblés à Idlib pour soutenir les forces de sécurité qui combattaient à Lattaquié, a rapporté l’Observatoire. Des messages diffusés par les haut-parleurs des mosquées appelaient au djihad (guerre sainte) contre les hommes armés, selon la même source.
Enjeu sécuritaire
Ces violences interviennent après que quatre civils ont été tués à Lattaquié cette semaine selon l’OSDH, lors d’opérations de sécurité qui avaient également coûté la vie à deux membres des forces de sécurité.
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Depuis que les nouvelles autorités ont pris le pouvoir à Damas, de nombreuses campagnes de sécurité ont été lancées dans plusieurs régions contre ceux qu’elles accusent d’être des hommes armés fidèles à Bachar Al-Assad. Les habitants de la région côtière dénoncent régulièrement des exactions commises dans la région, qualifiées d’« incidents isolés » par les autorités.
Le pays est dirigé par Ahmed Al-Charaa, nommé président par intérim fin janvier, après qu’une coalition armée de groupes rebelles, menée par des islamistes, a renversé le 8 décembre le dictateur qui a tenu le pays d’une main de fer pendant vingt-quatre ans. En 2011, une guerre civile avait éclaté en Syrie après la répression de manifestations antigouvernementales, divisant le pays et faisant plus de 500 000 morts.