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Histoires Web jeudi, juin 19
Bulletin

La voix de l’homme est blanche. Il accuse manifestement le coup. « Une demi-douzaine de policiers et un procureur ont débarqué dans mon bureau et à mon domicile et ont mis la main sur mon ordinateur, mon téléphone et des documents. Si des informations d’intérêt public sur des malversations bancaires ne peuvent plus être publiées, que reste-t-il du rôle du journalisme ? », s’indigne Lukas Hässig, éditeur d’« Inside Paradeplatz », un blog très suivi sur la place financière de Zurich, l’une des plus importantes d’Europe. L’homme, qui n’a rien d’un révolutionnaire, n’est même pas journaliste d’investigation. Depuis des années, il chronique les arcanes de la vie financière zurichoise avec minutie et exhaustivité, recensant aussi bien les glorieuses manœuvres que les opérations illicites. Aurait-il dû s’abstenir de parler des secondes ?

Toujours est-il que, neuf ans après avoir été le premier à évoquer les malversations du truculent Pierin Vincenz, alors directeur de la banque Raiffeisen – ce dernier a depuis été condamné par la justice pour escroquerie, gestion déloyale qualifiée et corruption privée passive –, Lukas Hässig est désormais dans le collimateur de la justice. Le 3 juin, le ministère public zurichois a décidé que la protection des sources du journaliste ne pesait pas face à sa volonté de retrouver l’origine des fuites. La « razzia » à son domicile privé est une première dans un contexte de durcissement des relations entre la presse et le puissant secteur financier helvétique.

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