Une Suédoise de 52 ans a été condamnée mardi 11 février par un tribunal de Stockholm à douze ans de prison pour génocide, reconnue coupable d’avoir réduit en esclavage des femmes et des enfants yézidis en 2015.
Lina Ishaq a été reconnue coupable de « génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre graves », son action s’inscrivant plus largement dans le cadre d’attaques menées par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) à l’encontre de la minorité yézidie, a estimé le tribunal dans un communiqué.
Neuf personnes, trois femmes et six enfants, poursuivaient l’accusée en justice dans le cadre de cette première enquête menée en Suède pour des crimes commis par l’EI contre la minorité kurdophone des yézidis. Tous les plaignants avaient été capturés par l’EI dans le cadre d’une série d’attaques contre des villages yézidis ayant commencé en août 2014 à Sinjar en Irak, et leurs parents de sexe masculin avaient été exécutés.
Après environ cinq mois de captivité et d’esclavage dans différents centres de l’EI, ils sont arrivés au domicile de la femme condamnée.
« Cette femme les a maintenus en captivité et les a traités comme sa propriété et ses esclaves pendant (…) près de cinq mois » à Rakka, en Syrie, poursuit le tribunal. Ils étaient privés de liberté de déplacement, interdits de pratiquer leur religion, ils devaient prendre en charge des tâches ménagères et certains ont été photographiés en vue d’être transférés à d’autres membres de l’EI, selon la décision.
Lina Ishaq les a en particulier contraints à devenir des musulmans pratiquants en les obligeant à suivre des cours sur l’islam, à réciter le Coran et à prier cinq fois par jour.
« Système global d’asservissement »
« Etant donné qu’elle a participé au transfert des parties lésées, elle est également responsable d’avoir permis la poursuite de leur emprisonnement et de leur mise en esclavage », a estimé le tribunal.
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Il a également rappelé « que le système global d’asservissement » était l’un des « éléments cruciaux » mis en œuvre par l’EI dans « la perpétration du génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre flagrants dont la population yézidie a été victime ». Aussi, estiment les juges, « la femme partageait l’intention de l’EI de détruire un groupe religieux ».
L’avocat de Lina Ishaq, Mikael Westerlund, a indiqué que sa cliente, qui nie les faits, n’avait pas encore décidé de faire appel ou non. « Nous sommes satisfaits qu’elle n’ait pas été condamnée à la prison à perpétuité qui était une demande forte de l’accusation », a-t-il dit à l’Agence France-Presse.
Lina Ishaq est déjà en détention, condamnée en 2022 pour avoir permis le recrutement de son fils de 12 ans comme soldat par le groupe djihadiste. Elle a grandi dans une famille irakienne chrétienne en Suède. Elle s’est convertie à l’islam dans les années 1990 lorsqu’elle a rencontré son mari. Lina Ishaq s’est rendue avec sa famille en 2013 en Syrie, et, après le décès de son mari, a épousé en 2014 un Irakien membre de l’EI.
Environ 300 Suédois ou résidents suédois, dont un quart de femmes, ont rejoint l’EI en Syrie et en Irak, principalement en 2013 et 2014, selon le service de renseignement suédois SÄPO.