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Tout semblait en place. Le Parlement de Slovénie avait voté pour l’organisation d’un référendum sur la construction d’une nouvelle centrale nucléaire et la date avait été choisie – le 24 novembre. Pourtant, jeudi 24 octobre, trois jours avant le début officiel de la campagne électorale, les députés slovènes ont annulé in extremis la consultation populaire. Si le projet de centrale demeure, la population ne votera pas, du moins dans l’immédiat.

Officiellement, le coup de théâtre fait suite à la fuite dans les médias de l’enregistrement d’une conversation entre deux députés de partis adverses – un du gouvernement, l’autre de l’opposition –, discutant de la meilleure méthode pour que le Parlement approuve l’organisation du référendum. Rien d’illégal, mais le sentiment de petits arrangements entre amis a hérissé une partie de l’opinion publique. « Ça donnait l’impression d’un processus non transparent et non démocratique », condamne Matej Tasner Vatovec, un député du parti La Gauche, le seul qui appelait à voter non au référendum.

Le vrai problème était cependant ailleurs. Les sondages, qui donnaient deux tiers d’opinions favorables à cette centrale nucléaire ces dernières années, avaient commencé à chuter, le dernier indiquant 59 % de soutiens. « Ça a joué un rôle », estime M. Vatovec. Depuis plusieurs semaines, les partisans du programme ne cachaient pas en privé un certain embarras : « Ce qui aurait dû être une question technique, financière et environnementale était devenu un sujet politique », soupire un haut cadre du secteur nucléaire.

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Ce fiasco découle notamment des deux particularités hors normes de ce projet. D’une part, il est gigantesque à l’échelle de ce petit pays des Balkans de 2,1 millions d’habitants. Suivant la puissance qui sera choisie, entre 1 000 et 1 600 mégawatts, son prix de construction est estimé entre 9,5 et 15,4 milliards d’euros, soit jusqu’à 25 % du PIB du pays. Et cela ne prend pas en compte le coût du financement, qui ajoute un bon tiers supplémentaire à l’enveloppe totale. D’autre part, la centrale est construite à Krsko, en lisière d’une frontière, celle de la Croatie, rendant le dossier géopolitiquement très compliqué.

« Quand la politique s’en mêle, ça complique tout »

Destination ce petit bourg slovène sans grand charme, à quelques kilomètres de la Croatie. En 1983, une première centrale nucléaire y a été bâtie. Sa construction relevait de l’exercice d’équilibrisme géopolitique : au cœur de ce qui était alors la Yougoslavie, une centrale de technologie américaine, par la firme Westinghouse, était érigée en pleine guerre froide dans un pays communiste. La participation à 50 % chacune de la Slovénie et la Croatie, qui faisaient partie du même pays, ne semblait alors qu’anecdotique.

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