Plus de deux mois après l’effondrement mortel d’un pan de la gare de Novi Sad, qui a lancé un vaste mouvement de contestation en Serbie, des milliers de personnes manifestaient de nouveau, dimanche 12 janvier, à Belgrade, contre la corruption des pouvoirs publics et pour que justice soit faite dans ce dossier.
Dès 16 heures, des milliers de Serbes ont afflué en plein centre de la capitale, sifflets autour du cou et pin’s avec une main ensanglantée – le symbole des manifestations depuis le 1er novembre et la mort de 15 personnes dans l’effondrement de tonnes de béton d’un auvent de la gare, qui venait d’être restaurée. Quatorze personnes dont des enfants ont été tuées sur le coup, et une quinzième est morte quelques semaines plus tard à l’hôpital.
Lancé par les étudiants qui bloquent la majorité des universités du pays depuis plusieurs semaines, le mouvement ne semble pas s’essouffler dans ce pays de 6,8 millions d’habitants gouverné depuis plus de dix ans par le Parti progressiste serbe (droite nationaliste).
Pour les manifestants — soutenus par plus de 60 % des Serbes, selon un récent sondage –, cet accident est la conséquence de la corruption qu’ils dénoncent cortège après cortège. « Nous sommes ici pour demander du changement, pour demander la justice, et pour empêcher ce pays de continuer sur la voie de la corruption », a déclaré au début de la manifestation Milena Cicovic, 34 ans, à l’Agence France-Presse. « Beaucoup de personnes demandent le changement, donc j’ai de l’espoir. J’ai fait beaucoup de manifestations, mais là je vois de l’espoir et ça, c’est la meilleure chose du monde », a-t-elle fait valoir.
« Après des mois, le changement est visible », a de son côté dit Ranko Vlaisavljevic, un ingénieur de 51 ans, qui a ajouté : « Le peuple s’est levé, les citoyens se sont levés. Ils savent que nous devons tous nous lever face à ce gouvernement irresponsable et l’incompétence du bureau du procureur. Il y a des changements. Ils sont petits, mais ils sont là. »
L’enquête sur l’accident de la gare est toujours en cours, et plus d’une dizaine de personnes ont été inculpées, dont l’ancien ministre des transports, Goran Vesic. Mais les manifestants demandent plus de transparence sur les investigations et sur les contrats de rénovation de la gare, signés notamment avec des entreprises chinoise, hongroise et française.