Il n’y a rien de pire pour un Savoyard que le premier week-end des vacances d’hiver des Parisiens. L’enfer local, avec des routes saturées par les touristes avides de neige et de sommets alpins. La meilleure excuse des députés du coin pour manquer, ce samedi 15 février à Saint-Jean-de-la-Porte, la réunion annuelle de l’Association des porte-drapeaux, présents à chaque commémoration et cérémonie militaire. Mais Brice Bernard est là, lui. Le responsable départemental du Rassemblement national (RN) ne manque jamais un cocktail, une assemblée, une réunion, un pot, une cérémonie.
Une assiduité qui fait rire le correspondant du Dauphiné libéré. A force de se croiser partout, les deux s’appellent par leur prénom. Il arriverait même que certains donnent du « Monsieur le député » au conseiller régional d’extrême droite, candidat malheureux aux dernières législatives, toujours prêt à dérouler son écharpe de la région. Dans la salle des fêtes de Saint-Jean-de-la-Porte, 960 habitants au pied du massif des Bauges, Brice Bernard a donc le champ libre, seul politique présent aux côtés d’un conseiller départemental plus effacé.
Serré dans son costume-cravate, rasé et coupé court, le trentenaire navigue contre l’enfilade de drapeaux élimés. L’élu ne perd pas de temps devant les assiettes de viennoiseries ou le stand de pin’s tricolores. Il apostrophe ceux qu’il croit connaître, s’arrête auprès de ceux qu’il découvre. A Jean-Pierre Durot, 83 ans, Brice Bernard tient à dire deux choses : « J’aime tout le monde, moi » et, surtout, « Je veux montrer qu’on a changé », au RN. Le coprésident de la section locale de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie n’a pas besoin d’être rassuré, son bulletin est déjà passé de la droite à l’extrême droite.
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