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Histoires Web dimanche, mai 18
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Dans sa cuisine, Zoïa Svetova refait le monde. Son visage est lumineux, son sourire chaleureux. Mais les yeux et les mains de la journaliste de 66 ans, l’une des plus respectées dans les étroits cercles anti-Kremlin à Moscou, trahissent une vive inquiétude. Dans son appartement du centre de la capitale, repère de l’intelligentsia russe, peuvent débarquer à tout moment les hommes en noir de la police. L’un des fils de Zoïa vient d’être placé sur la liste des personnes recherchées par le pouvoir.

Les autorités n’ont fait aucune annonce, mais Mediazona, un site indépendant du Kremlin, a extrait l’information d’une base de données du ministère de l’intérieur : Tikhon Dzyadko, rédacteur en chef de la chaîne d’opposition Dojd, classée « organisation indésirable » par Moscou depuis 2023, en exil aux Pays-Bas, est poursuivi dans une affaire pénale. Sans plus de détails. La famille a l’habitude, elle compte des générations de dissidents. « Depuis le début de l’URSS, nous sommes du côté des Russes réprimés par leur propre Etat, insiste Zoïa Svetova. Du côté de la justice, des gens qui sont dans leur bon droit. »

Les policiers peuvent donc surgir à tout moment pour perquisitionner l’appartement, nid familial depuis des générations. Ils n’y trouveront pas Tikhon Dzyadko, parti à l’étranger il y a plus de trois ans. Zoïa Svetova vit désormais seule. « La vie, c’est prendre des risques. Je sens le danger mais je ne veux pas y penser », confie-t-elle autour d’un thé et de quelques chocolats, ces friandises aux emballages chatoyants qui n’ont pas changé depuis l’époque soviétique. Chez elle, le temps semble s’être arrêté. Sur les meubles en bois se sont accumulés photos de famille en noir et blanc, icônes colorées, petits bijoux, restes de bougies, sablier, paniers miniatures…

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