Opiniâtre, Arnaud Van Robais, le PDG du groupe familial Rivolier, met enfin la main sur Verney-Carron. Le 4 juin, le tribunal de commerce de Saint-Etienne a confié à sa société la reprise du dernier fabricant français d’armes de petit calibre, en redressement judiciaire depuis février. Une première tentative, en 2022, avait échoué : le tribunal de commerce avait préféré le dossier de Cybergun. Et, auparavant, le dirigeant n’avait jamais réussi à convaincre la famille Verney-Carron de rapprocher capitalistiquement ces deux entreprises, nées toutes les deux au début du XIXe siècle dans la région de Saint-Etienne, ancien bastion des manufactures d’armes.
« Cette reprise concrétise les liens qui unissent les deux entreprises depuis des années », explique M. Van Robais. Ensemble, elles avaient gagné, en 1995, le contrat de fourniture du Flash-Ball, un lanceur de balle de défense fabriqué par Verney-Carron pour le ministère de l’intérieur, avant de le perdre en 2019. Cette arme est toujours vendue aux polices municipales. Les deux sociétés ont aussi signé, en 2024, un contrat pour la fourniture de 3 000 lanceurs de balles de défense Cobra pour les forces de l’ordre. Cent cinquante premiers exemplaires ont été livrés au ministère de l’intérieur, mais Verney-Carron n’avait plus les moyens de poursuivre la production. « Celle-ci a repris dès le 5 juin », assure M. Van Robais. Deux millions d’euros seront rapidement réinjectés pour relancer l’outil industriel. Cinquante-cinq des 67 salariés de la manufacture d’armes seront repris.
Rivolier a « une très bonne connaissance de la société » et a « des commandes en attente de fabrication pour des volumes importants », souligne le tribunal de commerce dans sa décision. Il apprécie aussi que « le patrimoine, le savoir-faire, les marques (…), les emplois… dans le secteur stratégique de la filière armurière (chasse et défense) soient conservés en France et plus particulièrement sur le territoire stéphanois ». Des éléments qui ont fait la différence par rapport à la seconde offre de reprise portée par le groupe belge FN Browning Group, pourtant donné favori, notamment en raison de sa taille. En 2024, Rivolier a réalisé un chiffre d’affaires de 131 millions d’euros avec 280 salariés, contre 934 millions d’euros avec 3 100 salariés pour le belge.
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