Au début d’avril, une trentaine de personnes avaient déjà perdu la vie dans des pluies diluviennes à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Cette fois-ci, c’est l’est du pays qui a été gravement touché : des inondations ont fait au moins 104 morts et « d’énormes dégâts matériels » dans le village de Kasaba, a annoncé, samedi 10 mai, à l’Agence France-Presse (AFP), Sammy Kalonji, administrateur du territoire de Fizi, dans lequel se trouve le village sinistré.
Les habitants de Kasaba, situé près des rives du lac Tanganyika, dans la province orientale du Sud-Kivu, ont été surpris par les pluies « en plein sommeil » dans la nuit de jeudi à vendredi, a précisé à l’AFP Bernard Akili, le chef du secteur de Nganja, où se trouve la localité. Selon M. Kalonji, les pluies torrentielles ont fait déborder la rivière Kasaba, dont les eaux ont déferlé vers l’aval « en charriant tout sur [leur] passage, grosses pierres, gros arbres et de la boue, avant de raser les habitations au bord du lac ». « Les victimes décédées sont en majorité des enfants et des personnes du troisième âge », a-t-il précisé.
Vingt-huit personnes ont également été blessées et 150 habitations ont été détruites, selon M. Akili. Un autre acteur de la société civile locale a affirmé à l’AFP que 119 corps avaient été retrouvés samedi. Le village est accessible seulement par voie lacustre et n’est pas couvert par les réseaux de téléphonie mobile, a précisé une source humanitaire.
Pluies torrentielles et inondations aggravées
De telles catastrophes sont fréquentes en RDC, particulièrement sur les rives des Grands Lacs de l’est du pays, environnées de collines fragilisées par la déforestation alimentée par le commerce de charbon. En 2023, des inondations avaient déjà causé la mort de 400 personnes dans plusieurs localités situées sur les rives du lac Kivu, dans la province du Sud-Kivu.
Environ 6,9 millions de personnes en Afrique occidentale et centrale ont été touchées par des pluies torrentielles et de graves inondations en Afrique occidentale et centrale en 2024, selon des chiffres du Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
La RDC, immense pays au climat équatorial et parmi les plus pauvres du monde, est particulièrement vulnérable à ces phénomènes climatiques, en raison de l’urbanisation anarchique et du manque d’infrastructures dans ses villes et villages.
Le réchauffement climatique est également en cause, les experts rappelant que les événements extrêmes vont continuer à augmenter en fréquence et en intensité sur le continent. D’ici à 2030, jusqu’à 118 millions d’Africains très pauvres (avec des revenus inférieurs à 2 dollars – soit 1,78 euro – par jour) seront exposés à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes.