Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont pris part dimanche 25 mai à deux grandes manifestations rivales organisées à Varsovie, une semaine avant le second tour de l’élection présidentielle, qui opposera le maire pro-européen de la capitale, Rafal Trzaskowski, arrivé en tête au premier tour, et l’historien nationaliste Karol Nawrocki.
Une « grande marche des patriotes » en faveur du premier, soutenu par le gouvernement centriste de Donald Tusk, s’est achevée place de la Constitution. « Cette élection est l’occasion de construire, de créer, et non de détruire », a lancé à ses partisans Rafal Trzaskowski, qui est âgé de 53 ans, soit onze de plus que son adversaire.
« Le changement arrive. Nous allons gagner ! », a, quant à lui, assuré Karol Nawrocki, dont la « marche pour la Pologne » devait se terminer sur la place du Château, dans la vieille ville de Varsovie. Selon ses organisateurs, 200 000 personnes y ont pris part, alors que 500 000 ont défilé en faveur de son adversaire, d’après Donald Tusk.
Le site polonais Onet évalue, lui, le total à 70 000 pour les partisans de M. Nawrocki, et à 160 000 pour ceux de M. Trzaskowski. Ce dernier a viré en tête d’un cheveu, dimanche dernier, au premier tour, avec 31 % des suffrages, soit un point de plus que son adversaire. Pour le second tour, tous deux sont crédités de 46,3 % des intentions de vote.
L’Europe plutôt que la Russie
La victoire de M. Trzaskowski permettrait de mettre fin à une cohabitation difficile entre le gouvernement pro-européen de Donald Tusk et le chef de l’Etat sortant, Andrzej Duda, alors que le succès de son adversaire nationaliste pourrait la compliquer davantage.
L’élection de M. Nawrocki, partisan du président américain, Donald Trump, pourrait aussi ébranler le soutien indéfectible de la Pologne à l’Ukraine, voisine, puisque l’historien nationaliste s’oppose à l’adhésion de Kiev à l’OTAN et a dénoncé les avantages accordés au million de réfugiés ukrainiens en Pologne.
« Je suis Polonais et, donc, je vote pour un candidat qui garantira notre avenir et agira comme un contrepoids au gouvernement actuel », explique Piotr Slaby, employé dans le secteur financier à Przemysl (Sud-Est), venu participer à la « marche pour la Pologne ». « Nous avons un gouvernement cosmopolite. Il veut introduire l’euro et nous allons perdre notre souveraineté », a renchéri Piotr Nowak, technicien de 41 ans, qui habite Varsovie.
De nombreux drapeaux de l’Union européenne et aux couleurs du mouvement LGBTQIA + flottaient au-dessus de la « grande marche des patriotes » de M. Trzaskowski. Olivia, une étudiante de 20 ans, qui préfère ne pas donner son nom de famille, dit soutenir celui-ci « avant tout parce qu’il veut protéger les personnes LGBT + et les droits des femmes sur la question de l’avortement ». Pour Kurnik Irek, un homme d’affaires de 52 ans, voter pour M. Trzaskowski est « le seul moyen d’aller vers l’Europe » plutôt que vers la Russie.