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LETTRE DE VARSOVIE

Les industriels ont-ils franchi le pas trop dans leurs stratégies marketing agressives visant à banaliser la consommation d’alcool et pouvant pousser à l’addiction ? C’est ce que laisse penser l’immense émoi qu’a suscité dans l’opinion publique polonaise l’affaire des « tubes d’alcool », soit de la vodka vendue dans de petits sachets plastiques de 100 ou 200 millilitres, aux couleurs vives, ressemblant à s’en méprendre aux compotes fruitées tant prisées par les enfants.

L’entreprise à l’origine des « tubes » est une société polonaise spécialisée non pas dans la production l’alcool, mais dans les compotes de fruit. Elle n’a pas lésiné sur les efforts créatifs pour promouvoir son innovation controversée. « Pas seulement une marque, nous sommes de véritables rebelles dans le monde de l’alcool (…) des pionniers, aux frontières de l’art, du design et de l’innovation, (…) synonyme de la meilleure qualité, de créativité, et de courage », pouvait-on lire sur les publicités du produit.

Mis en vente au milieu de l’été, les « tubes » ont pris de la visibilité au cours du mois de septembre, avant de déclencher une véritable tempête sur les réseaux sociaux et un scandale politique. « Nous avons déjà des cigarettes électroniques jetables colorées. Maintenant des “tubes d’alcool” que l’on peut confondre avec une compote. L’un et l’autre produit sont de manière évidente destinés à la jeunesse. Ils imitent des sucreries, mais sont du poison. (…) Arrêtons ce mal ! » s’est notamment indignée sur le réseau X, parmi des milliers d’autres messages, la députée de gauche Joanna Wicha.

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« C’est le mal à l’état pur »

Au fur et à mesure que la polémique enflait, les plus hauts responsables politiques polonais ont à leur tour pris la parole. « Non, ce produit ne passera pas chez nous, a communiqué le premier ministre, Donald Tusk (Coalition Civique, libéraux). J’ai alerté tous nos fonctionnaires, qui ont pour objectif de trouver des contre-mesures efficaces à l’encontre de ce procédé. » Le président de la Diète, la chambre basse du Parlement, Szymon Holownia (Pologne 2050, centre droit), a lui aussi réagit : « J’écris ceci avant tout en tant que père : chère entreprise qui vend de la vodka en sachet, ce que vous faites, c’est le mal à l’état pur. Je ne laisserai pas passer ça en tant que député. Honte ! »

Le 2 octobre, le ministère de la santé a annoncé la démission du directeur du Centre national de lutte contre l’addiction. La ministre de l’éducation, Barbara Nowacka, a signalé qu’« il est nécessaire de modifier rapidement la réglementation afin que les producteurs d’alcool ne puissent plus profiter de failles juridiques ».

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