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« L’accord de Bougival est une opportunité historique, saisissez-la », a lancé le ministre des outre-mer, Manuel Valls, mercredi 20 août, devant le Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie, se disant « convaincu qu’il n’y a pas d’alternative crédible » à ce texte sur l’avenir du territoire, signé en juillet mais fragilisé par le rejet des indépendantistes du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS).

Le président du Sénat coutumier, Eloi Gowé, a lui estimé qu’il était « urgent, en s’inspirant de ces demi-échecs [de Bougival et de Deva, en mai], de proposer un nouveau cadre de discussion et une nouvelle approche ».

Le ministre des outre-mer a ensuite rencontré à huis clos une délégation du FLNKS, le principal mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, qui a rejeté la semaine dernière l’accord de Bougival. La discussion a duré deux heures et demie. A la sortie, la délégation composée de membres du bureau politique du Front n’a pas souhaité faire de déclaration. Elle doit d’abord rendre compte au président du mouvement, Christian Tein, chargé de « superviser les discussions avec l’Etat », mais sous contrôle judiciaire et interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie.

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L’accord de Bougival (Yvelines), conclu le 12 juillet après plusieurs jours de négociations entre l’Etat, les indépendantistes et les loyalistes, prévoit la création d’un Etat de Nouvelle-Calédonie doté d’une nationalité propre et qui pourrait obtenir plusieurs compétences régaliennes, tout en restant inscrit dans la Constitution française.

Validé par l’ensemble du camp non indépendantiste, par l’Eveil océanien – formation charnière « ni ni » – ainsi que par les indépendantistes du Palika et de l’Union progressiste en Mélanésie (UPM), qui ont pris leurs distances avec le FLNKS il y a un an, il a été rejeté par ce dernier, qui demeure le principal mouvement pro-indépendance du territoire.

Rapport de force

Avant son départ de Paris, Manuel Valls avait averti que « sans accord, sans stabilité politique, il n’y aura pas de repreneurs pour le nickel, la pénurie de soignants perdurera et les inégalités continueront de se creuser » dans le territoire français du Pacifique.

En réponse, le FLNKS a dénoncé dans un communiqué les « leçons de responsabilité » données par l’Etat et estimé que le ministre des outre-mer engageait un « rapport de force (…) alors que le pays est sous perfusion depuis plusieurs années et que les inégalités n’ont fait que se creuser depuis des décennies ».

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Le déplacement du ministre intervient dans un climat encore marqué par les émeutes de mai 2024, déclenchées par un projet de réforme électorale, qui avaient fait 14 morts et coûté plus de deux milliards d’euros de dégâts et au moins 10 % de PIB à la Nouvelle-Calédonie.

Depuis sa nomination en fin d’année dernière, Manuel Valls a multiplié les déplacements pour relancer le dialogue qui était rompu depuis ces émeutes. En mai, à Deva (Nouvelle-Calédonie), une première tentative avait échoué avant que l’accord de Bougival ne voie le jour deux mois plus tard.

Pendant sa visite de quatre jours, Manuel Valls doit rencontrer les présidents de province, les maires, des responsables coutumiers et syndicaux ainsi que des acteurs économiques. Le programme prévoit aussi un déplacement jeudi dans le Nord, marqué par une pénurie de soignants depuis les émeutes.

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Le Monde avec AFP

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