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Histoires Web mardi, avril 8
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Anthropologue au CNRS, Benoît Trépied travaille sur la question coloniale dans le Pacifique. Dans Décoloniser la Kanaky-Nouvelle-Calédonie (Anacharsis, 288 pages, 20 euros), il mesure les avancées réalisées en direction d’une émancipation du territoire depuis les accords politiques de Matignon en 1988 et de Nouméa en 1998. Mais aussi, et surtout, le chemin restant à parcourir pour ceux qui veulent aller au bout.

Le 13 mai 2024, la mobilisation indépendantiste a débouché sur des violences qui ont mis le territoire à genoux. L’événement, selon le chercheur, « représente un soulèvement contre l’ordre établi de la séquence Matignon-Nouméa », qui fut une période « ambivalente », car faite de progrès économique, social et politique autant que d’immobilisme postcolonial.

Comment définissez-vous ce qui s’est passé le 13 mai 2024 ?

Il manque le recul historique pour le définir, nous sommes encore pris dans l’événement. Certains ont vu des exactions, des émeutes ; d’autres une révolte, une insurrection. Ce qui s’est passé ne fait pas consensus. Je pense que nous avons au moins assisté à un soulèvement politique et social.

L’aspect politique a trait à la mobilisation des indépendantistes contre la réforme du corps électoral, sujet qui touche à ce que représente plus largement le vote comme outil principal de la décolonisation. C’est ainsi qu’il a été pensé dans l’accord de Nouméa de 1998 [qui a restreint le corps électoral] pour contrebalancer les effets de la colonisation de peuplement et de la marginalisation des Kanak.

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