Avec les fêtes de Pâques sont arrivés les beaux jours, et la période de l’année qui s’ouvre est celle où Umberto Tiberi, 87 ans, peut installer tranquillement sa chaise en plastique devant son petit café du lointain quartier périphérique de Tor Bella Monaca, aux ultimes confins de la capitale italienne. Le temps est beau, le printemps s’installe, mais pour cet ancien ouvrier de l’industrie chimique qui a ouvert son « Bar Italia » après de longues années d’exil en Allemagne, le fond de l’air a quelque chose de triste.
La veille, lundi 21 avril, le pape François est mort à l’âge de 88 ans. « C’était le pape des pauvres ! François aimait se trouver simplement parmi nous… un pape humain. Il va beaucoup nous manquer… », regrette le cafetier. Chef de l’Eglise universelle, le souverain pontife est aussi l’évêque de Rome et, à l’échelle de la planète comme de son diocèse, François disait vouloir donner la priorité aux périphéries et à ceux qui les peuplent.
En italien, le terme « périphérie » désigne d’ailleurs très concrètement les banlieues des grandes villes, comme Tor Bella Monaca, dont les immeubles sociaux aux silhouettes rectilignes se dressent avec leurs façades fatiguées à 15 kilomètres de la place Saint-Pierre, soit une heure trente de trajet en transports en commun.
Comme d’autres habitants d’un quartier qu’il décrit comme souffrant d’une « mauvaise réputation », Umberto Tiberi se souvient avec émotion de ce 8 mars 2015, jour où le pape François s’était déplacé auprès d’eux au début de son pontificat pour donner une messe à l’église Santa Maria Madre del Redentore. Tout proche, cet imposant édifice moderne aux faux airs de pagode, bâti dans les années 1980, détonne, entre un hypermarché, des barres d’immeubles et un jardin public aux pelouses incultes.
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