Les échanges de tirs de missiles et les bombardements se poursuivent entre Israël et l’Iran, dimanche 15 juin, au troisième jour de l’offensive déclenchée par l’Etat hébreu contre le programme nucléaire de la République islamique qui a activé sa défense antiaérienne, samedi soir, dans neuf provinces dont celle de Téhéran.
Alors qu’Israël a annoncé, dans la nuit, avoir visé le ministère de la défense iranien – un des bâtiments a été « légèrement endommagé », selon l’agence de presse iranienne Tasnim –, l’Iran a lancé deux séries de tirs de missiles sur le centre et le nord d’Israël, qui ont fait depuis samedi soir huit morts, dont un petit garçon de 10 ans dans la région de Tel-Aviv et une jeune femme de 20 ans à Haïfa – et plus de 130 blessés, selon Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge.
« Une nouvelle vague de l’opération “Promesse honnête 3” a commencé », a déclaré la télévision d’Etat iranienne, en référence au nom choisi lors de la toute première frappe iranienne contre le territoire israélien en 2024.
L’une des salves, menée par des drones et des missiles, a visé des installations de ravitaillement des avions de combat, ont affirmé les gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique. Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a lui promis une riposte « plus forte » contre Israël si son armée poursuivait ses frappes meurtrières.
Des cibles « liées au projet d’armes nucléaires » visées selon Israël
De son côté, l’armée israélienne a annoncé dimanche matin, avoir visé des cibles « liées au projet d’armes nucléaires du régime iranien », citant outre le ministère de la défense, le siège de l’Organisation d’innovation et de recherche défensives, également connue sous son acronyme persan, SPND.
Dans la journée de samedi, l’armée de l’air israélienne avait frappé plusieurs sites, ciblant notamment des systèmes de défense aériens dans la région de Téhéran et des dizaines de lanceurs de missiles. L’armée assure qu’elle dispose désormais d’une « liberté d’action aérienne dans tout l’ouest de l’Iran, jusqu’à Téhéran ».
Deux dépôts de carburant ont également été frappés. « Le dépôt pétrolier de Shahran [dans le nord-ouest de Téhéran] ainsi qu’un autre réservoir au sud [de la ville] ont été pris pour cible par le régime sioniste », selon le ministère du pétrole iranien dans la nuit.
Le dépôt de Shahran était la proie des flammes, selon un journaliste de l’Agence France-Presse. « Téhéran brûle », a commenté, dimanche matin sur X, le ministre de la défense israélien, Israel Katz.
« La guerre Israël-Iran doit s’arrêter », selon Trump
« Nous allons frapper tous les sites et les cibles du régime », a prévenu le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, affirmant avoir le « soutien manifeste » du président américain, Donald Trump. « Nous avons infligé un véritable coup à leur programme nucléaire », a-t-il ajouté. M. Trump a cependant dit être d’accord avec son homologue russe, Vladimir Poutine, avec qui il a eu un entretien téléphonique, sur le fait que « la guerre Israël-Iran doit s’arrêter ».
Depuis vendredi, Israël, affirmant que Téhéran s’approchait du « point de non-retour » vers la bombe atomique, a ciblé des centaines de sites militaires et nucléaires iraniens et tué plusieurs responsables militaires de la République islamique ainsi que des scientifiques de son programme nucléaire.
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Alors que les appels à la retenue se multiplient au sein de la communauté internationale, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, a accusé Israël de précipiter le Moyen-Orient dans un « dangereux cycle de violence ».
Le représentant iranien à l’ONU, Amir Saeid Iravani, avait fait état vendredi d’au moins 78 morts et plus de 320 blessés dont une « grande majorité de civils ». Une frappe de drone contre une ambulance dans le nord-ouest du pays a fait samedi deux morts, selon le Croissant-Rouge iranien.
L’espace aérien de l’Iran est fermé jusqu’à nouvel ordre, a annoncé l’agence officielle Irna. En Israël, l’aéroport international Ben Gourion, près de Tel-Aviv, est aussi fermé. La Jordanie, voisine d’Israël, a également fermé son espace aérien pour la deuxième fois depuis vendredi.
Les pourparlers prévus entre Washington et Téhéran annulés
Selon l’agence de presse iranienne Mehr, l’Iran a averti qu’il attaquerait dans la région des cibles des pays qui aideraient Israël à repousser les attaques iraniennes. Un responsable américain avait affirmé plus tôt que les Etats-Unis avaient aidé Israël à abattre des missiles iraniens. Le Royaume-Uni a annoncé de son côté envoyer des avions de chasse dans la région.
L’Iran est soupçonné par les Occidentaux et par Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, de vouloir se doter de l’arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.
Allié d’Israël, M. Trump avait appelé vendredi l’Iran à conclure un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire alors qu’un nouveau cycle de pourparlers indirects était prévu dimanche à Oman. Mais le sultanat a annoncé, samedi, que ces discussions n’auraient pas lieu, l’Iran accusant Israël de les avoir sapées.
Parmi les sites nucléaires à avoir été visés figure le centre pilote d’enrichissement d’uranium de Natanz. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), citant des informations des autorités iraniennes, a déclaré qu’il avait été détruit dans sa partie en surface.
L’armée israélienne a par ailleurs dit avoir « démantelé » une usine de conversion d’uranium à Ispahan. L’Iran a fustigé l’AIEA pour son « silence » sur les attaques israéliennes et dit qu’il ne « coopérera plus » avec elle « comme auparavant ».