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Pour ceux qui l’ont connu, Kianoush Sanjari était un homme poli, doux, profondément attaché à l’Iran. À 42 ans, ce militant des droits humains, blogueur et journaliste s’est suicidé, mercredi 13 novembre, en signe de protestation contre « la dictature » du Guide suprême Ali Khamenei et de « ses alliés ». Dans un message posté sur X, la veille, il écrivait : « Si d’ici à demain à 19 heures [les prisonniers politiques] Fatemeh Sepehri, Nasrin Shahkarami, Arsham Rezaei et [le rappeur] Toomaj Salehi ne sont pas libérés, je mettrai fin à ma vie en signe de protestation contre la dictature de Khamenei et de ses alliés. Que cela soit un signal d’alarme ! Longue vie à l’Iran ! »

Malgré cette déclaration, les quatre prisonniers n’ont pas été libérés, et l’appel désespéré de Kianoush Sanjari n’a suscité aucune réaction officielle en Iran. Le 13 novembre, à 19 heures, il a posté une photo prise depuis le balcon d’un centre commercial près du pont Hafez, dans le centre de Téhéran, avec ces mots : « Ma vie se terminera après ce tweet. Mais n’oublions pas que nous donnons notre vie par amour de la vie, non pour la mort. Puissent les Iraniens se réveiller et vaincre l’esclavage ! »

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Le suicide de Kianoush Sanjari – dont les arrestations successives avaient sensibilisé l’opinion publique – a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux iraniens, où beaucoup y voient un symbole de l’impasse, du désespoir et de la détresse des opposants en Iran.

Accusé de « propagande contre le régime »

Arrêté pour la première fois à l’âge de 16 ans, lors des manifestations étudiantes de 1999, Kianoush Sanjari avait alors passé plusieurs mois à l’isolement, avant d’être libéré. En 2007, après une nouvelle arrestation, il avait fui clandestinement vers le Kurdistan irakien, avant d’obtenir l’asile politique en Norvège, puis aux Etats-Unis, où il avait travaillé pour le service persan de Voice of America (VOA).

En octobre 2016, malgré les avertissements de ses amis et de plusieurs ONG, il était revenu en Iran pour s’occuper de sa mère âgée et malade. Quelques semaines plus tard, il fut de nouveau arrêté et condamné à cinq ans de prison ferme, six ans avec sursis et deux ans d’interdiction de sortie du territoire pour « rassemblement et complot, propagande contre le régime et appartenance à un groupe illégal ».

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Libéré en mars 2022 après trois ans d’emprisonnement, Kianoush Sanjari avait de nouveau quitté l’Iran, cette fois pour les Etats-Unis, mais des difficultés l’avaient contraint à revenir dans son pays, où il fut brièvement incarcéré, en juin 2022, avant d’être libéré. En novembre 2022, en pleine vague de contestation après la mort de Mahsa (Jina) Amini, il fut une nouvelle fois arrêté pour ses publications critiquant la République islamique.

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