Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, septembre 8
Bulletin

Les critiques fusent de toutes parts dans les rangs de l’opposition indienne. La session parlementaire consacrée au vote du budget, qui s’est ouverte lundi 22 juillet et se déroulera jusqu’au 12 août, se veut d’ordinaire fastidieuse. Mais cette année, la ministre des finances de Narendra Modi, Nirmala Sitharaman, doit faire face, comme jamais auparavant, aux salves envoyées par les responsables du Parti du Congrès et ses alliés. Ces derniers sont visiblement ragaillardis par leur remontée électorale, lors des législatives du printemps.

L’alliance de l’opposition, baptisée India (Indian National Developmental Inclusive Alliance), emmenée par le Parti du Congrès, avait créé la surprise en remportant plus de 230 sièges sur les 543 que compte la Lok Sabha, la Chambre basse du Parlement. Privé de majorité absolue, le Bharatiya Janata Party (BJP) du premier ministre Narendra Modi doit désormais compter sur le soutien indispensable de deux alliés régionaux, le parti de Nitish Kumar qui dirige l’Etat du Bihar, et celui de Chandrababu Naidu à la tête de l’Andhra Pradesh.

Les forces en présence changent la donne. Pendant dix ans, le BJP a dominé le Parlement et la plupart des lois ont été votées en l’absence de débat. « Depuis les élections, et plus particulièrement lors de cette session parlementaire consacrée au budget, l’opposition se montre très combative », juge Neerja Chowdhury, journaliste spécialiste de la politique indienne. « Elle ne laisse plus rien passer », estime-t-elle. Ainsi, ses membres n’ont pas manqué de dénoncer la préférence accordée dans la préparation du budget aux Etats piliers de la coalition du BJP, l’Andhra Pradesh et le Bihar.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Narendra Modi n’a pas de majorité après les élections législatives en Inde, où le risque d’instabilité politique est réel

« Ce budget décevant est une occasion terriblement manquée », a regretté Shashi Tharoor, député du Parti du Congrès, mercredi 24 juillet. « Le gouvernement n’élabore pas ses politiques en tenant compte des Indiens qui doivent vivre avec moins de 200 roupies par jour [2,20 euros] ; au lieu de cela, il offre des réductions d’impôts à ses capitalistes et à ses entreprises préférés sous prétexte de vouloir dynamiser l’investissement privé. » Cet ancien diplomate, vétéran de la politique, avait déclaré début juillet que le BJP devait s’habituer à une opposition plus féroce. Il avait prévenu que l’opposition se servirait de sa force retrouvée pour pousser à des débats plus approfondis sur le chômage ou l’inflation.

La mue de Rahul Gandhi

Rahul Gandhi, figure majeure du Parti du Congrès, occupe d’ailleurs la fonction officielle de « leader de l’opposition » au Parlement. A ce titre, il siégera, aux côtés de Narendra Modi, au sein des comités-clés, chargés notamment de nommer les commissaires électoraux, le directeur du Bureau central des investigations, le « FBI indien », ou encore le président de la commission nationale des droits de l’homme. Ce poste était resté vacant pendant dix ans (aucun parti d’opposition n’était jusque-là parvenu à remporter suffisamment de sièges pour y prétendre) et avait laissé la voie libre au BJP. « L’idée selon laquelle on peut diriger la [Lok Sabha] efficacement en faisant taire la voix de l’opposition est une idée non démocratique », avait déclaré M. Gandhi après sa nomination, le 25 juin, en tant que chef de l’opposition.

Il vous reste 40.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.