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Histoires Web dimanche, décembre 22
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Une dizaine d’impacts de balle, en forme de toile d’araignée, constelle le pare-brise et les vitres latérales d’un véhicule blindé de la police nationale haïtienne (PNH) qui patrouille dans les rues du centre-ville de Port-au-Prince. A l’intérieur, derrière de lourdes persiennes métalliques, quatre agents du corps d’intervention et de maintien de l’ordre, encagoulés et en treillis, scrutent les rues de la capitale haïtienne. L’un d’eux pointe sa mitraillette vers l’extérieur, à travers une écoutille entrebâillée.

Le centre historique offre une vision de lendemain d’apocalypse : les avenues rectilignes sont désertes, jonchées de débris et bordées de bâtiments en ruine. De gros blocs de béton et des carcasses de voitures calcinées barrent l’accès à certaines rues. « On ne tourne pas à gauche : la route est coupée, c’est trop dangereux », commente, au volant de l’engin, le jeune responsable adjoint de la patrouille, qui a, comme ses collègues, requis un anonymat strict. A l’instar de 80 % de l’agglomération de Port-au-Prince, ce secteur jadis névralgique est aux mains des bandes armées qui sèment la désolation depuis plusieurs années dans la capitale, sur fond de grave crise politique en Haïti.

Non loin des vestiges du prestigieux lycée Alexandre-Pétion, la rue Pavée traverse le fief du gang Krache Dife. Les bandits « sont dans toutes les maisons », assure l’affable policier au volant. « Ceux-là prennent la fuite », dit-il en désignant une moto qui démarre en trombe à l’autre bout de la rue. Pourtant, le véhicule de la police ne fait que passer : « Dès qu’on ouvre la porte du blindé, ils nous canardent. »

Centre-ville dévasté

Les rares silhouettes qui surgissent au détour d’une façade criblée de balles ne sont pas toujours annonciatrices de danger : nombre de riverains survivent encore dans le centre-ville dévasté. Un homme en haillons pousse une brouette chargée de gros sacs. Une femme coiffée d’un bonnet rouge balaie une intersection. Son effort paraît dérisoire au milieu des monticules d’ordures. « Ces gens se sont résignés à vivre avec les gangs », observe tristement le conducteur du blindé. Il ralentit pour franchir un large fossé qui barre la chaussée. Le véhicule manque de chavirer dans cette tranchée remplie d’une eau brunâtre et de détritus, mais les agents en treillis, habitués à de telles embardées, restent stoïques.

La PNH est en première ligne de cette crise sécuritaire qui ne cesse de s’aggraver. Au moins 3 661 personnes ont été tuées dans le pays depuis le début de l’année, a annoncé, le 26 septembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Du fait de cette spirale de violence, plus de 700 000 personnes ont dû fuir leur domicile pour trouver refuge ailleurs dans le pays, selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations.

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