La crise ne fait que s’aggraver en Haïti. C’est l’alerte qu’a émise le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, lors de la présentation de son rapport annuel sur la situation dans l’île, vendredi 28 mars, faisant état de bandes armées s’emparant de plus de territoires, s’associant et s’en prenant violemment à la population.
« La situation des droits de l’homme en Haïti a atteint un nouveau point de crise », a déclaré Volker Türk, ajoutant que la violence et l’insécurité s’étaient « dramatiquement aggravées ».
Il a précisé au Conseil des droits de l’homme de l’ONU que les gangs gagnaient du terrain dans la capitale, Port-au-Prince, et sa périphérie, et s’étaient emparés d’infrastructures vitales.
Selon lui, les organisations criminelles s’unissent parfois pour lancer des attaques et dépassent souvent en nombre et en puissance de feu les forces de l’ordre. « Les gangs tuent des gens ordinaires, punissent brutalement ceux qui ne suivent pas leurs règles ou qui sont soupçonnés de collaborer avec la police ou les groupes d’autodéfense », a déclaré Volker Türk.
Interrompre les flux d’armes et de munitions
Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, a été plongé dans une crise sécuritaire majeure en 2024 lorsque des gangs ont lancé des attaques à Port-au-Prince afin de forcer le premier ministre de l’époque, Ariel Henry, à démissionner.
Volker Türk a affirmé qu’entre le 1er juillet 2024 et le 28 février 2025, ses services avaient établi qu’au moins 4 239 personnes avaient été tuées et 1 356 autres blessées. Il a ajouté que les lynchages de membres de gangs par des groupes d’autodéfense ou par des foules en colère se sont multipliés au cours des derniers mois.
William O’Neill, l’expert de l’ONU pour les droits de l’homme en Haïti, a déclaré au Conseil que la communauté internationale devrait davantage soutenir la force de sécurité dirigée par le Kenya pour renforcer la police haïtienne, en lui fournissant plus de personnel, d’hélicoptères, de véhicules et d’équipements. Et si les pays parvenaient à interrompre les flux d’armes et de munitions arrivant dans l’île, « les gangs ne pourraient pas survivre très longtemps sans elles ». « Il est temps d’agir. Si nous attendons plus longtemps, il pourrait ne rester que très peu de choses à sauver en Haïti », a-t-il conclu.