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Histoires Web samedi, novembre 16
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A l’entrée de l’aérodrome de Maripasoula, commune isolée du sud de la Guyane, des habitants sont partagés entre fatalisme et colère. « Il y a quelques jours, j’ai acheté une bouteille de gaz à 120 euros », déplore Junior Jean, un restaurateur. « C’est 18 euros pour un pack de six bouteilles d’eau minérale, contre 9 auparavant dans les magasins, délcare Pierre Koukouman, un confrère. Il me reste peu de gaz, et on n’en trouve plus. Si ça continue comme ça, je serai obligé de fermer. » Sur le tarmac, des militaires déchargent un avion, avec à bord 4 tonnes de denrées et d’eau.

Mercredi 13 novembre, c’était la cinquième rotation d’un appareil de l’armée vers Maripasoula dans le cadre du plan Orsec « eau », déclenché mardi 29 octobre par le préfet, en raison du niveau historiquement bas de deux fleuves – le Maroni à l’ouest et l’Oyapock à l’est –, qui a entraîné un arrêt du transport fluvial vers les communes ou villages les plus en amont. Le dispositif permet de mobiliser rapidement d’importants secours face à des « événements touchant gravement la population ».

« Au niveau des températures, la saison sèche 2024, pas encore terminée [celle-ci s’étire traditionnellement de juillet à septembre], fait partie des plus chaudes jamais observées depuis 1967, souligne Patrick Ranson, responsable du service prévision de Météo-France en Guyane. Elle s’inscrit par ailleurs dans un contexte pluviométrique déficitaire de près de dix-huit mois. »

Faute de route, le fleuve frontalier avec le Suriname est la principale voie de ravitaillement des localités de Grand-Santi, Papaïchton et Maripasoula – 24 000 habitants au total. Depuis fin octobre, si le fret passe encore jusqu’à Grand-Santi, quasiment plus aucune pirogue ne remonte jusqu’aux deux autres communes. « J’ai 300 tonnes de marchandises bloquées à Saint-Laurent… matériel de construction, ciment, bois, PVC et carburant, explique Jonathan Abienso, transporteur à Maripasoula. Je n’avais jamais vu une sécheresse aussi intense, les pertes sont énormes. » Les cinq piroguiers avec qui il travaille sont au chômage technique.

Selon le site des services de l’Etat en Guyane, le Maroni est un « cours d’eau naturel et non aménagé ». Sur ce fleuve ponctué de nombreux « sauts », ou rapides, les piroguiers peinent à faire reconnaître officiellement leur savoir-faire. « Dans ce contexte, comment va-t-on les indemniser ? », s’inquiète Jonathan Abienso.

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