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Chaque jour depuis mardi 8 octobre, les conseillers municipaux de Saint-Laurent-du-Maroni s’assoient devant la sous-préfecture, en se relayant toute la journée, dans l’attente d’une réponse du premier ministre à leurs revendications. Depuis plusieurs mois, la principale ville de l’ouest de la Guyane, voisine du Suriname, avec ses quelque 50 000 habitants, connaît une recrudescence de l’insécurité. « On a, de jour comme de nuit, des tirs d’armes à feu dans tous les quartiers et en centre-ville… il y a des jeunes qui sont armés et qui font la loi », déplore Sophie Charles, maire de la commune, qui avance le chiffre de « quatorze gangs dans la ville, dont onze encore actifs, car certains malfrats sont en prison ».

L’année a été éprouvante. En janvier, le premier adjoint au maire est agressé par arme à feu, en avril une pharmacienne est tuée, puis les autorités mènent des opérations « place nette », avant une reprise de la violence. Le 28 septembre, un père est abattu chez lui lors d’un braquage, le 3 octobre, des gendarmes sont visés par des tirs, et un élu agressé à son domicile trois jours plus tard. « On a une hausse du niveau de violence depuis juillet à Saint-Laurent, avec une nouvelle accélération depuis la rentrée », confirme le général Jean-Christophe Sintive, commandant de la gendarmerie en Guyane.

Le territoire représente 20 % des vols à main armée recensés depuis le 1er janvier en zone gendarmerie au niveau national, et Saint-Laurent-du-Maroni compte pour environ 10 % de ce total. « On a à la fois des gangs de quartiers, des jeunes qui opèrent sur la voie publique, pour des chaînes en or ou des téléphones portables, et des équipes plus nombreuses qui commettent des vols à main armée à domicile, la nuit », détaille le général Sintive.

« Personne n’est épargné »

Alain Chung, le président de l’association des commerçants chinois de Saint-Laurent, évoque « une insécurité à un niveau jamais vu ». « Il y a quelques années, les magasins un peu éloignés du centre-ville étaient les plus touchés », mais « depuis deux ans, les braqueurs se rapprochent du centre, personne n’est épargné », déplore-t-il. « Et quand les autorités se concentrent sur la surveillance à la fermeture des commerces, les bandits viennent à l’ouverture, pour un fond de caisse de cinquante euros…  », poursuit Alain Chung, qui salue malgré tout « le travail incroyable des forces de l’ordre dans ce contexte tendu ».

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Dans une lettre du 3 octobre au premier ministre, la maire de Saint-Laurent plaide pour « l’arrêt du poste de contrôle » sur la route qui mène à Cayenne, afin de redéployer les effectifs « dans les quartiers sensibles ». Sophie Charles demande à l’Etat de renforcer « le contrôle du fleuve Maroni », notamment pour enrayer le trafic d’armes venu du Surinam. Elle appelle à « l’éradication de quartiers informels, (…) bases arrière des délinquants ». Enfin, l’édile réclame « une augmentation significative des effectifs des forces de sécurité (…) aujourd’hui calibrées pour une ville de cinquante mille habitants », le chiffre officiel, « alors que notre population est plus proche de quatre-vingt mille habitants », assure l’élue.

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