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Histoires Web mercredi, novembre 27
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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Dans un pays comme la France, qui apparaît toujours plus divisé depuis le lancement par Jacques Chirac du thème de la « fracture sociale », la comédie sociologique recouvre une fonction bien précise. Non seulement montrer qu’il y a des classes sociales, mais encore tenter de résorber la distance qui les sépare, trouver entre elles un terrain d’entente, promettre un rapprochement, voire une réconciliation.

A cet exercice fédérateur, dont le duo Nakache et Toledano a déjà prouvé l’efficacité (Intouchables, 2011 ; Le Sens de la fête, 2017) et les limites (Une année difficile, 2023), le quatrième long-métrage d’Emmanuel Courcol (Un triomphe, 2021) ne s’en sort pas trop mal. Il affiche même la bonne tenue d’une fiction grand public sans outrance, grâce à une écriture ligne claire à hauteur de personnages. Prenant la musique pour terrain de jeu, il se montre assez habile pour injecter quelques touches de déterminisme social et de distinction de classes, pointant vers une sorte de « bourdieusisme » light.

Thibaut (Benjamin Lavernhe), chef d’orchestre mondialement reconnu, s’évanouit en pleine répétition, atteint d’une leucémie nécessitant une greffe de moelle épinière. Sa recherche d’un donneur compatible le mène à découvrir non seulement qu’il a été adopté, mais qu’il avait un frère ayant connu un tout autre destin social. Jimmy (Pierre Lottin) est en effet cantinier dans la commune de Walincourt, dans le nord de la France, et pratique le trombone en amateur au sein de la fanfare locale, qui joue plutôt du Aznavour et du Sardou.

La greffe de moelle sert évidemment de prétexte à une autre greffe, beaucoup plus acrobatique, entre les deux frères et, à travers eux, les milieux qu’ils représentent et leurs champs de légitimité culturelle. Car après avoir sauvé la vie du bourgeois, le prolo lui demandera, en retour, son intervention pour repêcher la fanfare en déroute, et même, pourquoi pas, la diriger.

Friction d’accents

Le film part d’une opposition énorme entre ses deux protagonistes, l’un incarnant la grande musique, l’autre le flonflon populaire, et dont le rapiéçage frôle d’emblée le passage en force. Et pourtant, le film tient, par son goût immodéré des personnages et une direction d’acteurs qui se repère à la musique des paroles. Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin se livrent ainsi à une friction d’accents, l’un parisien velouté, l’autre gouailleur – friction qui fait entendre à quel point le parler bourgeois n’est pas neutre, mais tout aussi « marqué ».

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