La police espagnole a annoncé mercredi 17 septembre avoir arrêté dix-neuf personnes, accusées de meurtres et de tortures à bord d’un bateau de migrants en provenance du Sénégal à destination des îles Canaries, dans lequel au moins cinquante personnes étaient portées disparues à l’arrivée.
Le 24 août, une embarcation de fortune avait été secourue au large de Grande Canarie dans l’océan l’Atlantique, avec 248 survivants à son bord, selon la police nationale espagnole. Il y avait au départ 300 personnes à bord, estiment les autorités, qui pensent que les nombreux disparus ont été jetés par-dessus bord pendant les onze jours de voyage.
Les survivants ont raconté aux enquêteurs que plusieurs des personnes arrêtées faisaient office de capitaines, « attaquant des dizaines de personnes, les battant et les maltraitant de diverses manières », révèle un communiqué de la police. « Dans certains cas, ils jetaient des migrants vivants à la mer et refusaient de secourir ceux qui tombaient accidentellement à l’eau », ajoute le communiqué.
La police a déclaré que certains meurtres sont liés à des superstitions, les victimes étant accusées de « sorcellerie » et d’être responsables de pannes de moteur, de pénuries de nourriture ou de tempêtes. D’autres auraient été tuées pour avoir protesté contre les conditions difficiles.
Des milliers de morts ces dernières années
Un homme gravement malade lors du sauvetage est mort plus tard à l’hôpital. Les dix-neuf suspects sont tous en détention provisoire et sont accusés d’immigration irrégulière, homicide, agression et torture.
L’Espagne est l’un des trois principaux points d’entrée pour les migrants en Europe, avec l’Italie et la Grèce. Les autorités estiment que des milliers de personnes sont mortes ces dernières années en tentant la traversée de l’Atlantique vers les îles Canaries, au large de la côte ouest du continent africain.
Près de 47 000 arrivées irrégulières ont été enregistrées dans l’archipel en 2024, un record pour la deuxième année consécutive, alors que le renforcement des contrôles en mer Méditerranée a poussé les migrants à tenter la route atlantique.
Les chiffres sont en baisse jusqu’à présent en 2025, diminuant de 53 % entre le 1er janvier et le 15 septembre par rapport à la même période en 2024, selon le ministère de l’intérieur espagnol. Les forts courants océaniques et les embarcations mal entretenues rendent le long voyage vers les îles Canaries particulièrement meurtrier.