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Histoires Web mardi, septembre 9
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Si manger son semblable passe aujourd’hui pour un tabou universel, cela n’a pas toujours été le cas. Le site archéologique d’Atapuerca, en Espagne, en offre un exemple saisissant. Les paléontologues y ont mis au jour des scènes de boucherie anthropophage vieilles de près de un million d’années, au paléolithique, mais aussi de seulement quelques milliers d’années, au néolithique et à l’âge du bronze.

La grotte de Gran Dolina forme une sorte de cène originelle littérale, où le corps, le sang et la moelle d’autrui ont été largement partagés – sans doute pas pour des raisons spirituelles. « C’est le plus ancien cas connu de cannibalisme », rappelle Palmira Saladié, de l’Institut de Catalogne de paléoécologie humaine, à Tarragone. Elle codirige les fouilles sur ce site qui fait partie du vaste complexe karstique d’Atapuerca. Il s’agit d’un campement daté de 850 000 ans, où pas moins de 180 fossiles humains appartenant à une nouvelle espèce, Homo antecessor, ont été découverts lors de campagnes de fouilles conduites entre 1994 et 2011.

Dans le niveau stratigraphique baptisé TD6, les restes de 11 enfants, adolescents et jeunes adultes ont été retrouvés désarticulés : « Ils ont été mangés ici, dans un camp de base, où on se partageait de la viande humaine et animale, avec un même traitement de boucherie », expliquait au Monde la chercheuse, début juillet. TD6 montre au moins trois épisodes de cannibalisme, répartis « probablement sur plusieurs milliers d’années ».

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