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Histoires Web jeudi, octobre 31
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Si c’était à refaire, Inès (plusieurs témoins ont souhaité garder l’anonymat) ne le referait pas. En classe de seconde, elle apprend qu’elle est enceinte. Très vite, le jeune homme (co)responsable de la grossesse prend peur et disparaît. Sa mère la pousse à garder l’enfant, une « bénédiction », et lui promet de s’en occuper le temps qu’elle achève sa scolarité à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.

A l’époque, tout s’enchaîne rapidement. « Les décisions ont été prises à ma place », se souvient-elle. Elle a alors 16 ans et accouche d’une fille. L’année suivante, Inès passe son bac avant de se lancer dans les études dans une ville voisine de celle où ses parents habitent. Elle passe voir son bébé « de temps en temps » mais c’est le seul lien maternel qu’elle garde.

Quelques années plus tard, ayant trouvé un travail et un petit logement, elle décide de récupérer sa fille. Mais elles se connaissent mal et la mayonnaise ne prend pas. « Elle m’appelait par mon prénom ou parfois “tata” », soupire Inès, qui décide de « rendre » sa fille à ses parents. « Nous étions toutes les deux malheureuses », dit-elle.

A l’aube de la trentaine, elle se marie et a un autre enfant. « J’ai eu une seconde chance de devenir maman », sourit Inès, aujourd’hui âgée de 34 ans, qui vit avec son mari et leur fils de 5 ans à Abidjan. Sa fille n’habite qu’à 25 minutes de chez elle, mais elle ne la voit que quelques fois par an. « C’est la fille de ma mère », résume-t-elle, les larmes aux yeux.

Un grand nombre de grossesses précoces

A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, Inès est loin d’être la seule à entretenir un lien distendu avec un premier enfant, né à l’adolescence, et de découvrir la parentalité des années plus tard. Au niveau national, l’âge médian à la première naissance est de 20,3 ans et l’ONU estime qu’une adolescente ivoirienne sur quatre a déjà vécu une grossesse. Le pays connaît d’ailleurs un phénomène important de « grossesse précoce » en milieu scolaire.

« Ma mémoire a effacé les quelques souvenirs de jeune maman que j’avais », confie Mélanie, devenue mère elle aussi à 16 ans après avoir été menacée, en cas d’avortement, de rejet par son entourage très croyant. Les premiers mois, elle donne de l’amour à cette fille comme on en donne à une « petite sœur qui vient de naître ». Mais en passant à l’âge adulte, Mélanie ressent le besoin de s’affirmer et de s’éloigner de sa famille, y compris de sa fille. La jeune femme de 26 ans est désormais maman d’une autre fille âgée de 3 ans. C’est sa grande sœur qui a accueilli la première et qui en est toujours responsable. « Un jour, je demanderai pardon à ma fille, nous n’avons jamais été une famille. »

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