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La décision du président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, de mettre fin au régime civil pendant quelques heures, dans un coup de force rapidement contrecarré par les députés, avait plongé le pays dans une crise inédite. Au dernier jour de son procès, mardi 25 février, Yoon Suk Yeol, suspendu de ses fonctions, a réfuté toute volonté d’insurrection, lors de sa tentative d’imposer la loi martiale.

Plus de deux mois et demi après cet acte, la Cour constitutionnelle tenait mardi la dernière audience de son procès en destitution avant de décider de son sort : déchéance définitive ou retour au pouvoir. Le verdict est attendu pour la mi-mars.

« L’opposition prétend que j’ai décrété la loi martiale pour établir une dictature et étendre mon pouvoir. Il s’agit d’un plan fabriqué de toutes pièces pour m’accuser d’insurrection », a déclaré le chef d’Etat sud-coréen, mardi, en clôture de l’audience à la Cour constitutionnelle. La Corée du Sud faisait face à « une crise existentielle », a-t-il ajouté pour tenter de justifier sa décision d’instaurer la loi martiale le 3 décembre 2024. Le soir de son annonce, le président âgé de 64 ans avait fait part de sa volonté de protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’Etat ».

La décision de l’ancien procureur vedette a eu l’effet d’un électrochoc et a plongé la Corée du Sud dans le chaos politique. Il a été destitué par l’Assemblée nationale, arrêté – une première pour un chef d’Etat en titre dans le pays – puis placé en détention. Il est jugé depuis le 20 février par le tribunal central de Séoul pour insurrection, un crime passible de la peine de mort.

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« Sentiment de rage et de trahison »

Chargé de présenter des arguments en faveur de la destitution du président, le député de l’opposition, Jung Chung-rae, a, de son côté, déclaré, en clôture de l’audience, qu’« un nombre élevé de personnes n’aurait pas eu la vie sauve si la loi martiale était restée en vigueur ». Le procureur, Lee Gum-gyu, a même parlé avec émotion de son fils, un soldat en service qui, selon lui, aurait été contraint d’appliquer la loi martiale. « En tant que citoyen et père, j’éprouve un sentiment de rage et de trahison à l’égard de M. Yoon, qui a tenté de transformer mon fils en soldat de la loi martiale », a-t-il déclaré devant le tribunal.

Les huit juges de la Cour constitutionnelle devaient ensuite délibérer. Il leur faudra choisir entre entériner la motion de destitution votée par le Parlement, et ainsi démettre définitivement le dirigeant conservateur, ou bien le rétablir dans ses fonctions. Si le président était destitué, une nouvelle élection présidentielle devrait avoir lieu dans les soixante jours. Cette issue requiert le vote favorable de six juges.

Les deux ex-présidents jugés dans des circonstances comparables, Park Geun-hye (destituée et emprisonnée) et Roh Moo-hyun (réinvesti), avaient connu leur sort respectivement onze et quatorze jours après la fin des débats.

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A l’extérieur du tribunal, mardi, des partisans de Yoon Suk Yeol se sont rassemblés en criant « halte à la destitution ! ». Ils brandissaient des pancartes hostiles à la Corée du Nord et au Parti communiste chinois, que le camp du président accuse, sans preuves, d’avoir truqué les législatives de 2024 pour favoriser l’opposition.

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La loi martiale peut être employée en cas d’urgence nationale majeure, comme une guerre. Pour l’opposition, le président a pris des mesures extraordinaires injustifiées. Largement acquis aux adversaires de Yoon Suk Yeol, le Parlement torpillait tous ses projets, dont celui de budget. Par ailleurs, l’équipe juridique de l’ancien procureur affirme que l’instauration de la loi martiale était nécessaire pour enquêter sur de prétendues fraudes électorales lors du scrutin législatif de 2024 remporté haut la main par le Parti démocrate, principale force d’opposition.

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Le Monde avec AFP

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