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La Corée du Nord a affirmé mardi 7 janvier avoir testé avec succès un nouveau « missile hypersonique » destiné, selon le dirigeant Kim Jong-un, à dissuader « tous les rivaux » du pays dans la région Pacifique. Cet essai s’est déroulé lundi au moment même d’une visite en Corée du Sud du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et à deux semaines de l’investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.

Ce « missile balistique hypersonique de portée intermédiaire » est destiné à « renforcer progressivement la dissuasion nucléaire du pays », a déclaré Kim Jong-un, qui a assisté au lancement. Cette nouvelle arme « dissuadera de façon fiable tous les rivaux de la région Pacifique qui peuvent affecter la sécurité de notre Etat », a-t-il ajouté, cité par l’agence officielle nord-coréenne KCNA.

Selon KCNA, un « nouveau composé de fibre de carbone » a été utilisé pour le corps du moteur du missile, et « une nouvelle méthode (…) a été introduite dans le système de contrôle de vol et de guidage ». L’emploi de fibre de carbone dans la fabrication d’un missile permet de diminuer son poids, et par conséquent d’accroître sa portée et sa manœuvrabilité. Mais la technologie est difficile à maîtriser en raison de la faible résistance de ce matériau composite aux hautes températures.

« Un effort pour nous défendre »

« Ce qui est alarmant à propos de ce missile, c’est que cette technologie n’est actuellement possédée que par la Russie, la Chine et les Etats-Unis », explique à l’Agence France-Presse (AFP) Yang Moo-jin, président de l’Université des études nord-coréennes à Séoul.

Un missile est qualifié d’hypersonique quand il peut atteindre plus de cinq fois la vitesse du son, soit plus de 6 000 kilomètres par heure. D’après KCNA, le missile a été tiré depuis la région de Pyongyang et a parcouru 1 500 kilomètres à douze fois la vitesse du son (Mach 12), avant de s’abîmer en mer du Japon, appelée mer de l’Est par les Coréens. Pour sa part, l’armée sud-coréenne a estimé que l’engin a parcouru 1 100 kilomètres.

« Il s’agit clairement d’un plan et d’un effort pour nous défendre, ce n’est pas un plan et une action offensive », a assuré Kim Jong-un. Il a néanmoins ajouté que « le monde ne peut pas ignorer » la performance de ce missile, estimant qu’il était en mesure de « porter un coup militaire sérieux à un rival en brisant efficacement toute barrière défensive ».

Il s’agit du premier tir de missile par la Corée du Nord en 2025. Les derniers avaient eu lieu le 6 novembre, quelques heures avant l’élection présidentielle aux Etats-Unis. Avec ce tir, Kim Jong-un « envoie un message clair à l’administration Trump, suggérant que pour engager un dialogue, la position stratégique de la Corée du Nord doit être reconnue », selon Hong Min, analyste à l’Institut coréen pour l’unification nationale.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Zhao Tong, chercheur : « La Chine est très inquiète des conséquences de l’engagement de la Corée du Nord auprès de la Russie »

Au cours de son premier mandat, Donald Trump avait mené des tentatives très personnelles de rapprochement avec Kim Jong-un, qu’il avait rencontré à trois reprises. S’il avait échoué à obtenir de la Corée du Nord qu’elle renonce à son programme d’armes nucléaires, pour lequel le pays est lourdement sanctionné par l’ONU, ce rapprochement avait tout de même fait baisser les tensions entre les deux Corées.

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Depuis, en 2022, la Corée du Nord a déclaré « irréversible » son statut de puissance nucléaire, et l’a même gravé l’année suivante dans sa Constitution. Son armée a effectué de nombreux essais d’armes interdites par les Nations unies, dont celui d’un missile balistique intercontinental à combustible solide.

Selon Hong Min, le tir de missile de lundi est destiné à montrer à Washington que l’arsenal nucléaire de Pyongyang est désormais beaucoup plus avancé que lors du premier mandat de M. Trump (2017-2021). Et que le pays, qui a par ailleurs signé un traité de défense mutuelle avec la Russie, est en position de force pour une éventuelle reprise des négociations avec les Etats-Unis. Kim Jong-un « semble vouloir faire évoluer le cadre des négociations » avec l’objectif de mettre sur la table « un contrôle des armes nucléaires pour réduire les menaces plutôt qu’une dénucléarisation », explique cet expert.

Le Monde avec AFP

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