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Le tribunal chargé de juger les crimes commis durant plus de 60 ans de conflit armé en Colombie a condamné jeudi 18 septembre pour la première fois 12 ex-militaires pour la disparition et le meurtre de civils présentés comme des guérilleros tués au combat.

Ces anciens membres des forces armées, dont deux ex-colonels, ont été reconnus responsables de 135 homicides et disparitions forcées entre 2002 et 2005 sur la côte Caraïbe du pays. Ils ont été condamnés à des peines alternatives à la prison, selon les barèmes de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) créée dans le cadre des accords de paix de 2016 avec l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). En liberté surveillée, ils devront pendant huit ans effectuer des travaux d’intérêt général en mémoire des victimes.

Plusieurs milliers de jeunes gens, pour la plupart issus de milieux pauvres, ont été assassinés durant le conflit qui a opposé les forces armées du pays avec des guérillas d’extrême gauche, les Farc étant alors la plus puissante d’entre elles.

Certains de ces civils tués par des soldats étaient présentés à tort comme des guérilleros morts au combat. Une pratique connue sous le nom de « faux positifs » pour laquelle l’armée a présenté ses excuses en 2023. L’objectif était de gonfler les statistiques en matière de lutte contre la guérilla, en échange d’avantages pour les militaires, tels que des jours de congé et des décorations.

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6 402 cas de « faux positifs » entre 2002 et 2008

« Aucun Colombien n’aurait dû mourir à cause d’un réseau criminel chargé de sélectionner, assassiner et faire disparaître des personnes innocentes (…) dans le seul but de les convertir en chiffres », a déclaré le président du tribunal, Alejandro Ramelli, lors de la lecture du jugement.

Le tribunal a documenté au moins 6 402 cas de « faux positifs » entre 2002 et 2008, durant la présidence d’Alvaro Uribe marquée par l’extrême fermeté contre les groupes armés d’obédience révolutionnaire.

L’ancien président, critique de l’accord de paix de 2016, nie que ces assassinats aient été une politique gouvernementale. M. Uribe a été condamné en première instance à 12 ans de résidence surveillée pour entrave à la justice et subornation de témoins afin d’éviter d’être associé aux milices d’extrême droite. Il est sous le coup d’enquêtes sur ces cas de « faux positifs ».

Mardi, la JEP avait prononcé sa première condamnation visant des ex-chefs des Farc, condamnés à huit ans de liberté surveillée et de travaux d’intérêt général pour plus de 21 000 enlèvements. Des victimes, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt enlevée et séquestrée pendant six ans dans la jungle, avaient fait part de leur mécontentement, réclamant des peines plus fermes.

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Le Monde avec AFP

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