Meilleures Actions
Histoires Web samedi, septembre 27
Bulletin

Cela faisait trois mois que Muhammad Rabee n’avait pas rouvert le sac qui contient les vêtements maculés du sang de son fils Omar. Il fallait du temps, du recul. Commencer à admettre que l’adolescent de 14 ans ne reviendrait jamais à la maison. Omar Rabee a été tué, le 6 avril, par des soldats de l’armée israélienne, dans le village de Turmus Ayya, en Cisjordanie occupée. « Nous avons identifié trois terroristes qui jetaient des pierres sur une autoroute où se trouvaient des voitures de civils israéliens. Nos soldats ont tiré sur les terroristes, tuant l’un d’entre eux et blessant les deux autres », a écrit le jour même l’armée sur son compte X.

Muhammad Rabee, entrepreneur en bâtiments de 43 ans, se souvient de cette journée de printemps où son fils Omar était parti se promener avec ses amis dans les champs d’amandiers, à la lisière du village. « Ils ont dû voir des soldats faire une incursion, leur lancer des amandes, tout au plus des cailloux. Omar était un garçon calme, discret, il n’aimait pas le conflit. Et, surtout, il n’avait que 14 ans. Vous entendez ? Quatorze ans. Ce n’est pas un âge pour recevoir une quinzaine de balles à bout portant, de la tête à l’estomac », déplore, effondré, le père de famille, dont le poids du chagrin fait taire les larmes. Le rapport d’autopsie, établi le 7 avril sous l’autorité du ministère de la justice palestinien, fait état de 16 balles reçues par Omar Rabee dont deux à la tête.

Dans la maison, le visage encore imberbe du jeune garçon, le dernier né d’une fratrie de cinq enfants, est omniprésent, en ce mois de juillet : sur de grandes affiches suspendues sur la façade de la maison, dans des cadres photo, sur une plaque dorée représentant la Palestine historique d’avant la création de l’Etat d’Israël, cernée, à gauche, par un drapeau palestinien et, à droite, par un drapeau des Etats-Unis. Omar Rabee, comme sa famille, était américain. Il venait de Clifton, dans le New Jersey.

Il vous reste 87.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.