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Histoires Web mercredi, novembre 13
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Dans un local des étages élevés de l’immeuble un peu décrépi Dayuan, marqué de l’enseigne « base d’e-commerce et de livestream », dans le nord de Canton, dans le sud de la Chine, Huang Yuepei dresse le bilan de ses affaires. On aurait pu s’attendre à une activité frénétique en cette période de Fête des célibataires, les grandes soldes chinoises du 11 novembre. Mais devant sa table à thé, il analyse la baisse des ventes de meubles en ligne : les consommateurs chinois n’ont certes pas disparu, le marché est profond, mais tout va moins vite qu’avant.

En l’écoutant, impossible de ne pas tourner le regard vers l’imposante enceinte derrière lui, équipée d’un vidéoprojecteur intégré, de deux micros et d’une tablette permettant de choisir les chansons. « Comme on n’avait rien à faire, on s’est acheté une machine à karaoké pour passer le temps », s’amuse-t-il, sortant aussi des jetons de poker d’un tiroir. L’homme constate que la demande des consommateurs est amorphe : « Les gens font bien plus attention qu’avant, c’est évident. »

Cette année, il a donc refusé de participer à la journée des célibataires, un événement popularisé en 2009 par le géant du commerce électronique Alibaba et devenu, au fil des ans, l’équivalent chinois du Black Friday aux Etats-Unis, ou une version plus intense des soldes de janvier en France. Il faudrait proposer des discounts attrayants pour séduire les consommateurs, mais lui juge que les marges se sont déjà trop érodées : il ne peut pas suivre.

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Son voisin du local numéro 509, Huang Yuanping, est venu passer une tête. Il pose le même constat. « Certains ont toujours de l’argent, mais ils préfèrent le garder. Depuis [la crise liée au] Covid-19, les consommateurs sont plus prudents », dit-il en sortant une cigarette d’un paquet rouge illustré par la Cité interdite.

Arpenter les couloirs de ce bâtiment où chaque bureau abrite une boutique en ligne, c’est prendre le pouls de la deuxième économie mondiale. En face, Mme Gu, qui ne donne que son nom de famille, vend des vêtements pour femmes sur plusieurs plateformes, notamment Taobao, le site d’Alibaba destiné aux petits commerçants, et Pinduoduo, qui, en Europe, se fait connaître sous le nom Temu. Elle fait produire dans les petits ateliers de Canton. Sa meilleure vente est une combinaison à un peu plus d’une centaine de yuans (environ 13 euros), explique-t-elle derrière son ordinateur. Tout en traitant les commandes du 11 novembre, elle aussi constate que l’économie « tourne au ralenti ».

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