Des milliers d’hommes en Chine ont partagé des photos et des vidéos intimes de leur petite amie ou de leur épouse sans leur consentement, sur l’application de messagerie Telegram, entraînant un appel général à renforcer la protection des femmes.
La vague de réactions est survenue après l’expulsion d’une étudiante chinoise par une université, à la mi-juillet, pour « atteinte à la dignité nationale », après qu’un joueur ukrainien d’e-sport a diffusé des vidéos sur Telegram, montrant qu’il avait eu des relations intimes avec elle.
Un événement similaire s’est produit jeudi 24 juillet. Une Chinoise a découvert que des photos d’elle, prises à son insu, avaient été partagées sur un forum de cette même messagerie comptant plus de 100 000 utilisateurs, principalement des hommes chinois, a rapporté le média d’Etat Southern Daily.
« Nous ne sommes pas du “contenu” qui peut être téléchargé »
« Nous ne sommes pas du “contenu” qui peut être téléchargé, visionné et fantasmé au hasard », peut-on lire dans un commentaire sur le réseau social Red Note. « Nous ne pouvons plus rester silencieuses. Parce que la prochaine, ça pourrait être moi, ou ça pourrait être toi. »
La pornographie est illégale en Chine et les comportements conservateurs envers les femmes restent la norme, renforcés par les médias d’Etat et la culture populaire.
Le plus grand groupe de ce genre sur Telegram, nommé « Mask Park », a depuis été supprimé, mais des groupes dérivés plus petits restent actifs, selon la femme contactée par le Southern Daily.
D’autres membres du forum ont également partagé des photos de leur actuelle ou ancienne compagne, selon un article publié dans le Guangming Daily, un média soutenu par le Parti communiste chinois, au pouvoir, suscitant un tollé sur Internet.
Un hashtag consulté plus de 230 millions de fois
Un hashtag associé à cette affaire a été consulté plus de 230 millions de fois sur la plateforme sociale Weibo depuis jeudi.
« Ce que les criminels considèrent comme “normal” peut être un cauchemar dont d’innombrables femmes ne peuvent pas s’échapper pour le reste de leur vie », a réagi une femme sur un autre réseau social chinois, Douyin, racontant elle aussi avoir été victime d’un tel procédé en 2024.
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La police chinoise a intensifié sa lutte contre les enregistrements illégaux, arrêtant des centaines de personnes en 2022 pour activité de surveillance clandestine. Mais les droits des femmes restent un sujet sensible en Chine. Au cours de la dernière décennie, les autorités ont réprimé presque toutes les formes d’activisme féministe indépendant.
Les autorités chinoises n’ont pour le moment annoncé aucune mesure contre le groupe Telegram, qui est interdit en Chine mais qui reste accessible par certains réseaux privés virtuels, a affirmé la plateforme à l’Agence France-Presse.