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L’ancien commissaire européen et ex-ministre belge Didier Reynders, 66 ans, visé par une enquête pour blanchiment d’argent, a été longuement auditionné par la police belge mardi 3 décembre. Son domicile à Uccle, dans la région de Bruxelles-Capitale, et sa résidence de Vissoul, dans la province de Liège, ont été perquisitionnés, après une autorisation délivrée par trois magistrats.

Selon les informations diffusées mercredi soir par le quotidien bruxellois Le Soir et le consortium d’investigation Follow the Money, l’ancien vice-premier ministre libéral, membre du Mouvement réformateur (MR), un parti qu’il a présidé de 2004 à 2011, est visé par une enquête menée dans le plus grand secret depuis 2023. La Loterie nationale belge et la cellule de traitement des informations financières, une autorité indépendante chargée notamment de la lutte contre le blanchiment, ont dénoncé l’achat de jeux de hasard par M. Reynders. Des « montants importants », dont l’ampleur exacte est inconnue, auraient été consacrés à l’achat de divers produits de la Loterie et transférés sur un compte de jeu que l’on peut ouvrir dans cette institution. Les gains de ces achats, effectués partiellement en liquide, auraient ensuite été transférés sur le compte bancaire du dirigeant politique, affirment les deux médias.

La commission des jeux de hasard, le régulateur officiel du secteur, présidée par un magistrat et composée d’officiers de police, confirme que l’achat de produits de la Loterie est un canal qui permet le blanchiment d’argent sale. Pour certains de ces produits, la « perte » liée à l’argent investi se limite à 30 %, voire à 22 %, ce qui signifie donc que de 70 % à 78 % des montants en cause peuvent être blanchis.

L’immunité des anciens ministres

M. Reynders n’avait pas réagi à ces informations mercredi matin. Sollicités par Le Monde, ni son entourage ni le président de son parti, Georges-Louis Bouchez, n’ont fait de commentaires, pas plus que le groupe libéral du Parlement européen, ou le parquet général de Bruxelles, qui dirige les investigations effectuées par la section financière de la police fédérale de la capitale. « La date de l’opération ne doit rien au hasard », indiquent en tout cas les journalistes qui ont révélé ces informations. Elle a effectivement été menée trois jours après que M. Reynders a quitté son poste de commissaire européen à la justice et l’Etat de droit. Si la justice belge avait voulu agir durant le mandat de l’intéressé, elle aurait dû obtenir une levée de son immunité, après une décision du collège des commissaires, dirigé par Ursula von der Leyen.

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