Ils avaient choisi le jour de leur nouvelle action un peu hasard, sachant toutefois que le sommet du Mercosur (Argentine, Paraguay, Brésil, Uruguay, Bolivie), jeudi 5 et vendredi 6 décembre, en Uruguay, risquait d’être décisif pour la conclusion de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne qu’ils continuent de critiquer. Il y avait donc un peu de colère, beaucoup d’inquiétude et aussi de la résignation lors de cette nouvelle mobilisation, lancée dans la soirée du mercredi 4 décembre par des paysans belges. Ou wallons plutôt car, cette fois, leurs collègues flamands n’avaient pas rejoint un mouvement qui avait culminé en janvier, avec des blocages de tout le quartier européen de Bruxelles.
Le mouvement déclenché mercredi devrait durer jusque dans la soirée de jeudi. Il regroupe essentiellement des jeunes agriculteurs, soutenus officiellement par des fédérations d’éleveurs et de producteurs laitiers – mais qui n’ont pas délégué beaucoup de leurs membres sur les barrages. Le 13 novembre déjà, les manifestants n’avaient été qu’une centaine aux abords des institutions européennes pour réclamer, avec quelques-uns de leurs collègues français et italiens, l’abandon d’un traité qui, à leurs yeux, risque d’instaurer une concurrence parfaitement déloyale. Tirant les leçons de cet épisode, qui avait vu leurs tracteurs coincés par la police sur un rond-point actuellement en chantier, la Fédération des jeunes agriculteurs (FJA) avait décidé d’organiser, cette fois, des blocages aux frontières entre la Belgique et les pays voisins.
« A-t-on droit à un avenir ? », « L’agriculture, mes enfants en rêvent, moi j’en crève », « Stop UE-Mercosur » : les slogans martelés depuis des mois ornaient à nouveau les tracteurs au poste frontière d’Hensies, dans le Hainaut, où quelques Français ont rejoint leurs collègues belges, jeudi matin. Dans l’est du royaume, l’autoroute E40 menant vers l’Allemagne était coupée. L’activité de l’aéroport de Liège-Bierset, symbole d’un commerce international néfaste aux yeux des manifestants – c’est notamment un hub du géant chinois de l’e-commerce Alibaba –, était en partie immobilisée durant la nuit. A Bouillon, dans la province du Luxembourg belge, les manifestants avaient installé des barrages avant de se diriger vers la France toute proche. Avec l’espoir que Paris continue ses pressions pour empêcher une ratification de l’accord. D’autres actions, avec des barrages filtrants, visaient à sensibiliser la population à Tournai et Mons, dans le Hainaut, et à Nivelles, dans le Brabant wallon.
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