Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, juillet 7
Bulletin

LETTRE DE BUENOS AIRES

Depuis trois semaines, la photo de Loan Danilo Peña, 5 ans, disparu le 13 juin, circule sur les réseaux sociaux et tourne en boucle sur les écrans de télévision du pays. Sur les chaînes d’information en continu, un défilé d’experts en tout genre donne leur avis sur un scandale judiciaire qui émeut la population, suspendue au moindre rebondissement de l’enquête.

Dans la localité de Nueve de Julio, un village de 2 500 habitants de la province de Corrientes, dans le nord du pays, Loan déjeunait entouré de membres de sa famille et d’une poignée d’invités. En ce jeudi de la Saint-Antoine, particulièrement célébrée dans la province, treize personnes sont assises autour de la table dans cette humble maison appartenant à sa grand-mère, Catalina.

Sur la photo de la réunion de famille, qui sera largement diffusée quelques jours plus tard, tout indique un déjeuner comme un autre. Quelques minutes après la prise du cliché, peu avant 14 h 30, le garçon part avec cinq autres enfants et trois adultes pour cueillir des oranges à proximité, selon les témoignages rapportés par les médias locaux.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Javier Milei, président argentin accro aux réseaux sociaux

La balade digestive s’est rapidement transformée en drame. Quelque part sur les 600 mètres qui séparent la maison de Catalina et le fameux oranger, le petit Loan a subitement disparu, sans que personne semble savoir comment. Rapidement, les habitants ratissent les champs alentour. Aucune trace de l’enfant n’est retrouvée.

Le lendemain, l’affaire s’ébruite et prend de l’ampleur. Les recherches s’intensifient dans cette zone rurale parfois difficile d’accès. L’alerte enlèvement est déclenchée sur demande de la Fondation Alameda, spécialisée dans l’accompagnement des familles victimes de traite de personnes. La photo de Loan commence à être diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias qui recueillent les premiers témoignages.

Enlevé au profit d’un réseau de traite

Alors que la semaine avec plusieurs jours fériés débute, l’enquête tarde et tâtonne. De vices de procédure en témoignages douteux, les rumeurs circulent sur les raisons de la disparition de Loan dans ce petit village où tout le monde se connaît : rite religieux, abus familial, kidnapping. Tandis que les habitants de Nueve de Julio manifestent chaque soir pour que Loan soit retrouvé, l’hypothèse d’un enlèvement au profit d’un réseau de traite semble se consolider.

Entre 2020 et 2023, en Argentine, 5 075 victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle ou de travail ont été libérées de ces réseaux, d’après le rapport de gestion du Comité de lutte contre la traite de personnes. « Tout a été mal fait et à contretemps [dans cette instruction] », assure José Maria Serbin. Cet ex-délégué de la direction du comité et représentant de la Fondation Alameda dans la province de Corrientes déplore que « depuis quelques mois [et l’arrivée au pouvoir de Javier Milei en décembre 2023], la direction du Comité de lutte contre la traite, qui coordonne l’action de différents ministères et organismes dans la prévention et la lutte contre la traite, a été complètement démantelée ».

Il vous reste 51.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.